Beirut : Du folklore au code binaire
Beirut revient au Québec avec en poche ses dernières diapositives de voyages. Des incursions en territoires mexicains et numériques.
Après deux albums inspirés par la musique folklorique des Balkans et la vieille chanson française, Beirut a surpris ses fans en lançant cette année March of the Zapotec, un double maxi dont la deuxième galette immortalise une série de chansons électroniques. On y trouve toujours ce lyrisme inhérent au chant de Zach Condon, cerveau derrière le groupe, mais les cuivres, accordéons et pianos ont été majoritairement remplacés par des programmations et divers sons numériques.
En entrevue depuis sa résidence, à Brooklyn, Zach révèle qu’avant même de plonger dans la musique d’Europe de l’Est, il composait dans sa chambre entouré d’une quincaillerie plus moderne. "J’ai débuté en jouant de la musique électronique parce c’était plus facile de mettre la main sur un clavier et un beatbox que sur un cor français. C’est aussi ce que j’écoutais à l’époque. Mes amis étaient branchés métal, mais ça m’emmerdait. Je trippais plutôt sur Aphex Twin ou Boards of Canada."
Ainsi, deux des cinq pièces du disque ont été écrites avant la formation de Beirut. Les trois autres proviennent de séances tenues récemment. "C’est comme de la gymnastique mentale pour moi. Je touche encore à la musique électro pour me détendre. Généralement, je n’ose pas rendre ces compositions publiques. J’ai d’ailleurs un MySpace secret où je les mets en ligne pour le simple plaisir."
En concert, ces expérimentations seront reproduites à la sauce Beirut, alors que trompette, Wurlitzer, batterie, contrebasse et accordéon leur confèreront une nouvelle chaleur. Des pièces de l’excellent Gulag Orkestar et de Flying Club Cup seront aussi interprétées, tout comme les six morceaux du premier disque de March of the Zapotec, enregistrés au Mexique en compagnie d’un orchestre local. Cette courte incursion au pays de Felipe Calderón démontre l’attirance récurrente de Zach pour les voyages, tant physiques que musicaux. "La musique traditionnelle se développe depuis tellement d’années qu’on y sent une intensité magnifique. Peu importe la culture, on y retrouve toujours des chansons célébrant les différents moments de la journée ou tous ces changements vécus dans la vie d’un homme. J’aimerais bientôt explorer la musique brésilienne. J’ai toujours été obsédé par ce courant plus festif."
Préparons-nous mentalement, le prochain Beirut pourrait bien être un album de samba et de bossa nova.
À écouter si vous aimez /
DeVotchKa, Kocani Orkestar, Yann Tiersen