Caracol : Construire sur du solide
Armée de son ukulélé, Caracol chante en harmonie avec un tout nouveau public, joyeusement bigarré.
Lorsque Carole Facal montera sur les planches d’une des scènes de la Fête du lac des Nations, c’est devant les siens qu’elle interprétera les chansons de son premier album solo, L’Arbre aux parfums. "J’ai habité à Sherbrooke à partir de l’âge de deux ans jusqu’à la fin de mon secondaire, relate la musicienne. Mes parents et ma soeur y habitent encore. C’est vraiment la ville de mon enfance." Ainsi, celle qui se surnomme Caracol est un pur "produit local", une diplômée de ces écoles sherbrookoises reconnues pour leur enseignement de la musique. "J’ai fait 12 ans de violon. Je sais lire la musique, mais quand je compose, c’est comme si j’embarrais toute la théorie dans un tiroir de ma tête. Je le fais de façon très intuitive."
En 2007, c’est avec cette même intuition que Caracol a conclu l’épisode DobaCaracol (duo world pop québécois qui, toutes proportions gardées, a connu un immense succès) pour emprunter un nouveau chemin artistique. "Plein de gens me demandaient si j’avais peur et me disaient que je prenais des risques en arrêtant un projet qui fonctionnait bien. Pourtant, pour moi, c’était une évidence."
Ainsi, l’étiquette world a pris le bord au profit de chansons aux composantes de folk, d’indie-pop et de rocksteady, avec de splendides harmonies vocales. Seule la voix voyageuse de Caracol peut rappeler son "lourd passé" de dreads et de djembé. "Je ne me suis pas posé de question en faisant cet album, explique-t-elle. Ma seule attente était de me satisfaire moi-même, mais le reste a suivi."
GLANAGE DE RÉCOMPENSES
Comme pour lui confirmer qu’elle avait fait le bon choix, plusieurs distinctions ont célébré son nouveau projet musical depuis la sortie du disque à l’été 2008, dont le Prix des diffuseurs européens à Rideau et une nomination aux JUNO. "Ce n’était pas des choses auxquelles j’avais pensé. C’est du bonus. Ça m’a donné confiance."
C’est donc sereinement que Caracol a su gagner le coeur d’un tout nouveau public. "J’ai perdu les hippies. (rires) Plusieurs prêtaient un caractère naïf et éphémère à DobaCaracol et ils avaient raison. Cette fois, je me sens installée pour du long terme. Mon but n’est pas d’être le phénomène à la mode. Ce projet, je vais pouvoir l’assumer pendant longtemps."
La pérennité semble assurée pour Caracol. Au-delà d’une première tournée européenne qui débutera quelques jours après sa performance sherbrookoise, les États-Unis et le Canada anglais témoignent beaucoup d’intérêt pour sa musique. "L’album est majoritairement francophone, mais dans sa production, il y a quelque chose qui a suscité la curiosité de marchés autres que celui du Québec. C’est pourtant un projet personnel. Ça ne m’aurait pas dérangé que ça reste local."
UKULÉLÉ LAND
Sans trop le vouloir, Caracol fait partie d’une vague d’artistes inspirés par le ukulélé. "Au départ, je ne connaissais absolument personne qui en jouait. Je n’avais pas l’impression d’être dans un mouvement. Puis là, effectivement, il y a plein de monde qui a sorti cet instrument en même temps, dont Thomas Fersen." Et la Montréalaise Krista Muir (chanteuse anglophone également de la maison de disques Indica) organisait récemment un festival de ukulélé. "Moi, ça ne me dérange pas. Elle est super belle, la communauté du ukulélé. Il y a un partage qui est tripant."
Toutefois, alors qu’elle pense déjà à son prochain album, la musicienne pourrait bien troquer sa petite guitare pour un nouvel instrument fétiche. "Je vais continuer d’en jouer, mais on en fait rapidement le tour. Je ne pense donc pas que le ukulélé sera aussi emblématique sur le prochain album. Mon but est de me renouveler." Caracol ne suit pas les modes, elle les crée.
À écouter si vous aimez /
Gillian Welch, Jolie Holland, Krista Muir