George Wein : Piano fondateur
Musique

George Wein : Piano fondateur

Si le piano de George Wein pouvait, qu’est-ce qu’il pourrait en raconter, des histoires, sur les 60 dernières années d’histoire du jazz!

"Oh, je suis venu souvent chez vous, à l’époque où je produisais les concerts de Dave Brubeck et de quelques autres", me raconte George Wein, joint au téléphone. Même s’il y jouera cette année pour la première fois, le pianiste est en effet un habitué du Festival International de Jazz de Montréal. On pourrait même dire que l’octogénaire, à qui l’on doit notamment la fondation du Newport Jazz Festival, est une sorte de parrain honorifique du FIJM comme de toutes les manifestations du genre. "Comme Claude [Nobs, le patron du Festival de Montreux], Alain et André [Simard et Ménard, respectivement] sont toujours aux petits soins avec moi; ils me traitent comme leur grand-père."

La vie de Wein fait partie intégrale des 60 dernières années de l’histoire du jazz. De retour de la Deuxième Guerre, il s’inscrit à l’Université de Boston, mais découvre vite que sa passion pour la musique lui importe davantage que des études en médecine ou en sciences humaines. Dès la fin des années 40, non seulement jouait-il régulièrement du piano dans les boîtes de nuit, mais il prenait lui-même en main les affaires de son groupe comme gérant. Avec le soutien d’amis, il fonde dès le début des années 50 le légendaire club Storyville de Boston, qui accueille le gotha du jazz moderne. "Charlie Parker est venu jouer chez nous. Et tous les autres Dizzy, Miles, Monk, Mingus, je les ai tous bien connus. Ils sont pour la plupart devenus des amis."

Même s’il convient que très peu de jazzmen contemporains possèdent la stature de ces illustres géants disparus, l’instigateur en 1955 du mythique Newport Jazz Festival a continué d’entretenir au fil des ans les mêmes rapports amicaux avec les artistes des générations qui ont suivi, ne serait-ce qu’en tant que collègue discret. Il suffit d’ailleurs de lire les prestigieux noms de ces Newport All-Stars qu’il côtoiera sur la scène du Théâtre Jean-Duceppe ce vendredi: Howard Alden, Lew Tabackin, Lewis Nash, Peter Washington, Randy Sandke. "Oh, eux aussi, ce sont forcément des amis; la preuve, c’est qu’ils tolèrent que je joue avec eux", plaisante Wein, pince-sans-rire, modeste et pourtant conscient de la place de choix qu’il occupe dans les annales du jazz.

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