Patricia Barber : Chic cocktail
Musique

Patricia Barber : Chic cocktail

De retour au FIJM, Patricia Barber nous propose un cocktail dont l’ingrédient principal est l’ironie tendre amère des chansons de Cole Porter.

Dès le début de notre échange, Patricia Barber s’esclaffe. La sympathique pianiste et chanteuse éclate d’un rire en m’entendant qualifier d’exploit le fait qu’elle ait finalement donné tort à ces esprits chagrins qui lui ont reproché de produire des disques trop sophistiqués pour le grand public. "Vous savez, je n’ai jamais trop songé aux critiques, ricane-t-elle. Je n’ai jamais pu, mais je suis bien contente d’avoir un public fidèle."

Pendant des années, Barber s’est confinée aux environs de son Chicago où elle réside depuis belle lurette. Avec le succès de ses albums Café Blue et Modern Cool, elle s’est produite régulièrement sur des scènes de toute l’Amérique et Europe. Que lui ont apporté ces tournées à travers le monde? "J’ai surtout eu la confirmation que mon travail touchait les gens, même ceux qui parlent une autre langue et ne comprennent pas les textes des chansons. La musique est un langage universel, le cliché se vérifie. Partout où j’ai joué, j’ai rencontré des publics ouverts à ce qu’on avait à leur proposer. Et ça me réjouit."

Jusqu’à Nightclub (1999), son premier recueil de standards, Barber nous avait habitués à des albums où ses compositions originales (au vrai sens du terme) côtoyaient des relectures étonnantes de succès pop contemporains (Black Magic Woman, Light My Fire). Sur son plus récent disque, The Cole Porter Mix, elle aborde avec respect et maestria le répertoire d’un véritable géant de la chanson américaine. "J’ai toujours aimé Porter, je le chante depuis 25 ans. C’était déjà tout un défi parce que tellement de grands interprètes s’y sont frottés. Je l’admire pour cette somme considérable de chansons dont il a signé paroles et musiques, parce que ses musiques sont aussi intéressantes que ses textes, ce qui est sidérant. J’aime ses allusions, j’aime sa manière de voiler ses émotions. Le vrai défi, pour moi, ça a été d’essayer d’être aussi subtile dans mes chansons originales que j’ai osé mettre sur le même disque. Il était vraiment brillant."

Cole Porter, brillant? Et comment! Et aussi, au dire de certains critiques de son époque, trop sophistiqué pour le grand public. Tiens, ça me rappelle quelqu’un …

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