Jayme & Mansa : Duo du ciel
Jayme Stone et Mansa Sissoko n’ont rien en commun. Sinon leurs instruments, le banjo et la kora, lointains cousins qui ont reconnecté deux âmes d’artistes sur la ligne Bamako-Vancouver.
Jayme Stone est dans l’auto et vient de quitter le Colorado, direction Montréal. Mansa Sissoko, le griot malien, se balade dans le quartier Montcalm, à Québec, où il élève paisiblement ses quatre enfants. C’est le banjoïste canadien qui me décrit leur rencontre: "Je parle très mal français; il ne parle presque pas anglais. J’avais été six semaines au Mali à chercher les racines africaines du banjo et je n’avais appris qu’une seule chanson: Alla Huya."
L’histoire se passe en Ontario, en 2003. La première fois qu’ils se rencontrent, Mansa est fraîchement débarqué de Bamako. "Jayme a pris son banjo, explique-t-il, jovial. Il a commencé à jouer un morceau d’Ali Farka Touré que j’ai immédiatement reconnu et je me suis mis à chanter."
Aussi simple que ça! Et la magie s’installe…
Depuis, il y a eu ce superbe album Africa To Appalachia et une première tournée. Puis le prix Juno, au printemps 2009, consacrant le "meilleur album de musique du monde" au pays. Ils ne l’auront pas volé! Quinze dates se sont rajoutées cet été et le duo fera une tournée européenne avant l’hiver, supporté par une basse et des percussions. Le maestro Jayme explique: "Une bonne partie de la musique folklorique américaine vient de cette rencontre entre la culture irlandaise ou celtique, les ballades et les reels, avec ces rythmes et ce sens du blues ramenés directement d’Afrique par les esclaves eux-mêmes. J’ai joué énormément de bluegrass, un genre qui tient beaucoup de ce mélange."
Loin des frasques de l’Afro Celt Sound System, la réunion Stone & Sissoko n’a rien de tonitruant. Un univers chatoyant et apaisant dans lequel s’entrecroisent le folklore et les traditions de deux pays que tout sépare. "J’ai écouté beaucoup de musiques, raconte Mansa. L’être humain est ainsi fait que plus tu écoutes d’autres musiques, plus tu développes une vision et des associations possibles. Quand tu ne voyages pas, ta tête reste dans le sac. C’est l’homme qui crée son destin."
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Toumani Diabate, Béla Fleck, Baaba Maal
FINA 2009
Le volet extérieur de la programmation du 23e festival Nuits d’Afrique va garder sa réputation de gros party ethnique jovial et rassembleur. Comme d’habitude, plusieurs formations des Petites et Grandes Antilles se succèdent samedi et dimanche (Trinidad, Martinique, Guadeloupe, Haïti et République dominicaine). Mais le gros concert coup de coeur du dimanche soir rassemble trois têtes d’affiche de l’Ouest pour ce que l’on a baptisé un "carré mandingue" et dans lequel Missia Saran, alias "petit piment", risque de voler la vedette. Attention! On commence à squatter le square Émilie Gamelin dès jeudi avec des artistes de la diaspora québécoise du Cameroun, du Mali et du Ghana avant de céder la place à ce modèle unique, l’irrésistible hybride latino-gaspésien Juan Sebastian Larobina, le seul homme capable de mixer les cuillers, le cavaquinho et l’accordéon pour faire danser le Mexique, l’Argentine et le Tout-Montréal dans la même ronde! Du 23 au 26 juillet, de 14 h à 22 h, métro Berri-UQAM, place Émilie Gamelin.