Plácido Domingo : Le dernier des géants
Musique

Plácido Domingo : Le dernier des géants

Le ténor Plácido Domingo est de retour à Québec après nous avoir présenté son concours Operalia l’année dernière. Cette fois-ci, c’est le chanteur qui se fera entendre dans un concert exceptionnel.

Voir: Quel sera le spectacle que vous nous proposerez à Québec et avec qui le ferez-vous?

Plácido Domingo: "Dans tous mes récitals, j’essaie de toucher à tous les répertoires que j’ai abordés dans ma carrière. Les gens me connaissent comme chanteur d’opéra, alors il y aura des arias et des duos. Mais je laisse une place toute particulière à la zarzuela; ces chants espagnols ont bercé ma jeunesse, mes parents les chantaient. Pour Québec, j’ajouterai des airs d’opérette et quelques classiques de Broadway. La soprano Virginia Tola (lauréate du concours Operalia) m’accompagnera sur scène et c’est le chef d’orchestre Israel Gursky qui dirigera l’OSQ."

Bientôt, vous allez interpréter le rôle-titre dans Simon Boccanegra de Verdi à Londres, Berlin et New York. Un rôle écrit pour baryton. Comment le ténor va-t-il s’y prendre pour relever ce nouveau défi?

"En fait, j’ai commencé ma carrière comme baryton au Conservatoire de musique à Mexico. Je suis devenu ténor par la suite, lorsque j’ai fait mes débuts à l’Opéra national dans la même ville. Je demeure et serai toujours reconnu comme un ténor dramatique, mais une voix possède beaucoup de couleurs et, en les assombrissant, je peux sans problème trouver la solution pour le chanter. Simon Boccanegra est tout simplement l’un des plus beaux rôles écrits par Verdi. Je réalise un rêve en l’incarnant avant ma retraite."

L’opéra fait face à des défis économiques importants. Vous êtes vous-même directeur de l’Opéra de Los Angeles. Quels sont les principaux défis à relever?

"Il y a des directeurs très talentueux en ce moment qui se battent pour vous proposer les meilleurs chanteurs dans les meilleures productions. Pour financer de telles structures, le mécénat demeure la priorité. Mais c’est vrai que cette crise économique nous a affectés. On n’a pas le choix de chercher sans relâche de nouvelles possibilités de financement pour soutenir cette forme d’art unique qu’est l’opéra."

Le spectacle The Three Tenors, avec José Carreras et Luciano Pavarotti, est l’un des évènements majeurs dans l’opéra au 20e siècle. Un concept qui a démocratisé l’art lyrique comme aucun autre auparavant. Que pouvez-vous nous dire qui n’a jamais été révélé à propos de cette réunion?

"Il n’y a pas de véritable secret derrière ce concept. D’ailleurs, je ne peux même pas me souvenir d’où est venue cette idée. Nous avons eu un plaisir immense et, effectivement, nous avons constaté qu’un nouvel auditoire s’est manifesté. Non seulement The Three Tenors nous a amené un nouveau public, mais ce fut un élément déclencheur pour d’autres concepts du même genre. Cette expérience fut unique et elle correspond à une époque qui s’est terminée avec la mort de Luciano Pavarotti. Il est irremplaçable."

Luciano Pavarotti est maintenant une légende et sa carrière l’a propulsé dans des projets populaires. Croyez-vous que ce chapitre va occulter la carrière qu’il a eue à l’opéra?

"Absolument pas. Je crois que l’opéra était l’essence même de sa vie. Je suis sûr que c’est le souvenir que les gens garderont de lui."