The Dead Weather : Supernovas
Musique

The Dead Weather : Supernovas

Le supergroupe The Dead Weather aurait bien pu n’être qu’un obscur projet pour mélomanes fanatiques. Un premier album en main, il devient la priorité de son créateur, le prolifique Jack White.

"Si je suis le gars le plus travaillant du rock’n’roll ces temps-ci? Je ne saurais dire. Mais je le prends comme un compliment", assure d’emblée et le plus sérieusement du monde Jack White. À 34 ans et avec plus de 15 ans de labeur au sein de l’industrie musicale américaine, notamment au sein des formations The White Stripes et The Raconteurs, Jack White n’est toujours pas à court de projets.

Son plus récent, le supergroupe The Dead Weather, vient tout juste de lancer son premier album, Horehound. Par supergroupe, on entend: association de plusieurs forces musicales issues de formations et de milieux différents. Dans ce cas-ci, The Dead Weather a pris naissance par accident: l’automne dernier, Jack White se retrouve avec une hernie discale en pleine tournée The Raconteurs-The Kills… The Raconteurs s’appuie alors largement sur les chansons de Brendan Benson (le second frontman du groupe) et fait appel à Alison Mosshart (à l’avant-plan dans la formation post-punk The Kills) pour interpréter certaines pièces du répertoire de White.

Quelques semaines plus tard, Jack White invitait Mosshart à se joindre au guitariste Dean Fertita (Queens of the Stone Age), au bassiste Jack Lawrence (The Raconteurs) ainsi qu’à lui-même pour une séance d’enregistrement qui s’avéra plus fructueuse que prévu. "Je voulais profiter du fait qu’Alison, Dean et Jack étaient tous en ville pour enregistrer un simple sept pouces qui aurait paru sur Third Man Records, explique White, fondateur du label basé à Nashville. En quelques heures, on avait complété trois pièces, et trois jours plus tard, on avait assez de bon matériel pour un album. Ces pièces portaient un son si explosif qu’on ne pouvait pas en lancer seulement une."

Horehound – 10 morceaux de rock blues qui témoignent d’une énergie sexuelle peu commune – laisse entrevoir une facture musicale plus grande que nature, menant chacune des sensibilités impliquées sur des voies inexplorées, l’auditeur inclus. "Je ne voulais pas tomber dans la redite, il fallait donc s’attendre à une toute nouvelle approche en termes de composition, spécialement avec l’apport d’Alison, une magnifique parolière qui donne un caractère novateur et tout à fait déchaîné aux chansons", soutient White, qui explique avoir donné carte blanche à sa comparse. "Je devais lui donner de l’espace. Je suis avant tout le batteur du band, alors c’est Alison qui est à l’avant-plan. C’est sans doute ce qui explique le fait qu’elle a écrit une bonne partie de l’album."

Occupant le poste de réalisateur, Jack White participe tout de même à certaines pièces de Horehound, dont Cut Like a Buffalo, qui l’expose sous un tout nouvel éclairage: "La musique est une chose assez étrange, incalculable et imprévisible, il est difficile de saisir les moments où la vérité arrive. En ce moment, Cut Like a Buffalo est honnête et vraie, c’est tout ce que je puis dire", note solennellement le musicien.

Avec l’arrivée d’un nouveau supergroupe comme The Dead Weather, on pourrait se questionner quant à l’avenir des Stripes, Raconteurs et Kills. À cette question, White répond plutôt évasivement que tout arrivera au bon moment, ce qui laisse supposer des aventures futures pour ce couple-mais-pas-vraiment Meg-Jack, The White Stripes… Le ténébreux musicien se fait toutefois beaucoup plus loquace à l’égard de ses autres projets: "À l’ère du numérique, la musique devient peu à peu invisible, mais omniprésente. En créant Third Man Records, je voulais un endroit où mettre l’épaule à la roue en produisant des enregistrements qui plairont aux fans qui pourraient se les procurer ici même, les locaux de Third Man hébergeant aussi un magasin de disques", explique White, visiblement emballé. "Je travaille ce week-end sur trois albums différents, dont ce projet avec Dan Sartain, un incroyable auteur-compositeur de l’Alabama. Nous avons jazzifié ses chansons et ça a donné un merveilleux résultat qui sera lancé dans les prochaines semaines. Il y a plusieurs autres projets qui sont secrets pour l’instant… Mais, en effet, je peux dire que je ne chôme pas!" conclut joyeusement Jack White.

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