Bernard Lavilliers : Beyrouth-Memphis-Kingston-Montréal
Musique

Bernard Lavilliers : Beyrouth-Memphis-Kingston-Montréal

Bernard Lavilliers, vous connaissez? Trente-cinq ans qu’il s’aventure sans cesse dans les musiques du monde et boxe avec les mots. Son nom est même devenu le titre d’une chanson sur un chanteur mythomane.

Si vous tapez Bernard Lavilliers sur Google aujourd’hui, avant que ne défilent ses 27 albums originaux (et cela inclut quelques poids lourds de la chanson tous azimuts), vous allez tomber sur ce nouveau clip où Les Fatals Picards, quatre sacrés farceurs, se payent sa tête pendant que lui reste assis, perplexe, sur un divan rouge. C’est que la victime s’est prêtée au jeu. "C’est un minimum!" rajoute avec entrain le légendaire poète à la voix grave. La satire, il trouve ça cool. On a beau le prendre pour une brute, l’auteur-compositeur et showman a encore le sens de l’humour et le flair pour le business.

"Ça m’a fait rire! Ils aiment beaucoup ce que j’écris, ça se voit; ils aiment bien le personnage. En plus, une chanson qui passe ton nom en dérision, ça fait une pub formidable. Ils s’amusent comme des lycéens en disant: "Comment? Il a été partout celui-là et il est toujours pas mort?" Il y a un côté Zorro est arrivé. C’est même volontairement exagéré. Par contre, s’ils connaissaient vraiment ma vie, ils auraient pu dire des choses bien plus graves. Disons que ça reste gentil."

Sacré Bernard! On ne peut en dire autant de Johnny Hallyday. La France a préféré bannir des ondes la parodie du même groupe railleur qui évoquait le jour de sa mort. Il paraît que l’icône n’aurait pas apprécié qu’on s’amuse à ses dépens…

Lavilliers, lui, n’aime pas la routine. Il s’ennuie facilement. Bien avant Peter Gabriel, il cherchait des mélanges inédits et des talents ailleurs. Et cette manie jamais guérie de se lancer sur les points chauds de la planète dès que clignote le mot "danger"…

Ainsi, après les bombardements au Liban à l’été 2006, il s’est rendu sur place. D’où son dernier disque Samedi soir à Beyrouth, qui réussit à amalgamer l’inspiration du Proche-Orient, le soul du Tennessee et les vétérans du reggae qu’il aime plus que tout. Encore un disque de voyages qu’il n’était pas évident de transporter sur scène. "Les musiciens sont vraiment exceptionnels. La particularité, c’est que la plupart d’entre eux sont des poly-instrumentistes véritables. J’ai cherché longtemps des cuivres qui savaient vraiment joueur des cordes. Le tromboniste joue aussi de l’oud et du violon, le saxophoniste joue aussi des percussions et du violoncelle." Lavilliers est visiblement sur un bon coup. Il entre en scène dans quelques minutes mais, pendu au téléphone depuis sa loge du château de Blois, dans le centre de la France, il me parle encore avec passion de son groupe de neuf.

"C’est un concert qui va te plaire. C’est un joyeux mélange avec Thierry Fanfant à la basse. On aborde tous les thèmes et tous les styles que j’ai faits dans ma vie… Musicalement, tu vas te régaler!"

À la bonne heure!

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