Caledonia : L’autre visage de l’Amérique
Caledonia a passé au travers des embûches reliées au monde de la production et des studios. Le voici sur la route depuis deux mois, un moment de grâce pour ce jeune groupe d’Halifax dont le premier disque est une belle surprise.
Le titre est provocateur et il est accompagné d’une illustration évocatrice: un drapeau américain avec une feuille d’érable à la place des étoiles qui l’ornent habituellement. Le disque We Are America du groupe Caledonia impose un message direct que Steven Gates (voix et guitare) assume sans complexes. Une forme de prise de conscience qui l’a frappé, il y a quelques années.
"J’ai passé plusieurs mois au Yukon et vécu un certain temps par la suite en Alberta. Ce fut un choc pour moi de constater à quel point une grande partie de ce pays cultive des idées conservatrices. J’étais habitué de vivre à Halifax. Tu n’auras pas de difficulté à t’imaginer que mon cercle social est assez de gauche là-bas. La côte ouest m’a laissé perplexe, c’est très conservateur et aux antipodes de mes valeurs. C’est ce qui a inspiré cette pièce-titre, mais aussi le fait que ce soit une période creuse pour moi. Par moments, c’est important d’être honnête avec certains sentiments qui nous habitent et de se projeter dans des situations inconfortables."
Après plus de deux années consacrées à ce premier album, le groupe, complété par Zac Crouse (basse), Ian Bent (claviers), Steve Reble (batterie) et Kris Pope (guitare), nous propose une facture sonore qui peut rejoindre Plants & Animals (avec la pièce Light Rock Station) et d’autres formations qui émergent de la scène folk-alternative. Un disque épique qui ne se prive pas de faire certains dérapages contrôlés, dont ce reggae à la mémoire de Johnny Osbourne intitulé African Wake. "On s’est laissé aller en studio, se rappelle-t-il. On ne voulait pas rester confinés dans une zone de confort. Il faut se projeter dans des situations surprenantes, c’est dans ces circonstances que le groupe est à son meilleur et inspiré. Les chansons prennent un autre souffle et il se produit des choses imprévisibles. C’est un peu l’atmosphère de travail qui régnait tout au long de cette période. On voulait vivre une expérience. On n’aime pas trop s’imposer de limites, ça correspond aussi au côté éclectique de ce groupe."
Réalisé par Dylan Hudecki, que nous avons retrouvé parfois dans l’entourage du groupe Holy Fuck, Caledonia s’est adjoint les services d’un partenaire de prédilection qui a respecté la méthode brouillonne et très instinctive de la formation. La chanson Winter Drips from Trees, à laquelle la poète Tanya Davis se greffe pour y assumer la narration, en est un bon exemple.
"Enregistrer ce disque, ce fut très long, résume-t-il. Nous avons tout fait au moins deux fois! Ce fut difficile, mais tout ce processus a soudé le groupe. Plusieurs événements ont touché la vie personnelle de certains membres de la formation. Malgré tout, on ne s’est jamais perdus de vue et il était clair que nous allions passer au travers de ce processus. En ce moment, c’est le chapitre le plus excitant. C’est la tournée et elle prend des allures de célébration pour nous!"
À écouter si vous aimez /
Wilco, Plants & Animals et Hey Rosetta