Chloé Sainte-Marie : Laisser sa trace

Confier l’ouverture du festival épistolaire d’Eastman à Chloé Sainte-Marie, c’est un peu comme laisser Jean-Claude Vigor s’occuper de ses plantes en son absence ou se faire conduire jusque chez soi par Jacques Villeneuve. Il n’y a aucune inquiétude à avoir. La chanteuse qui se fait le porte-voix de poètes québécois depuis environ 10 ans entamera les festivités comme il se doit, avec poésie et fougue.

"Je me sens à l’aise dans ce festival, je m’y sens chez moi", confie celle qui en sera pourtant à sa toute première participation aux Correspondances d’Eastman. "C’est un grand événement. Il n’y en a pas beaucoup dans le monde, des festivals de ce genre."

Même si elle vient à peine de terminer l’enregistrement de son quatrième disque – "Depuis le mois d’avril, j’étais en studio presque tous les jours", précise-t-elle -, le temps n’est pas encore venu pour Chloé Sainte-Marie de présenter son nouveau matériel. "C’est interdit par les producteurs. (rires) Je ne peux rien dire." Tout doit rester top secret jusqu’au 23 septembre, date prévue de la sortie de l’album.

Ainsi, pas de nouvelles chansons au programme à Eastman. Accompagnée de son fidèle musicien Gilles Tessier, la dame à la tignasse rouge vif y revisitera plutôt son répertoire, composé de chansons en français, mais aussi en innu, en inuktitut et en mohawk. La poésie, celle qui n’a pas besoin d’un enrobage musical, occupera également une grande place. "Moi, j’intercale les deux. Toujours. Il y a aura plusieurs poèmes de Roland Giguère, Gaston Miron, Patrice Desbiens… les poètes que je dis depuis longtemps."

LE CYCLE D’UNE VIE

En sortant à la fin de 2008 le coffret Mon amour en furie (réunissant ses trois albums), la chanteuse ne voulait pas marquer la fin d’un cycle. Au contraire. "Je n’aime pas ce concept de début ou de fin de cycle", lance-t-elle. Pour expliciter ses propos, elle brise légèrement le sceau de sûreté de l’album à venir. "Je suis dans la continuité avec le prochain. Je fais des chansons des poètes. Je poursuis dans cette voie. C’est relié à mon éducation. La poésie a toujours été au coeur de ma vie."

Qu’en est-il du cinéma qui nous l’a fait connaître grâce à sa présence lumineuse dans les films de son amoureux, Gilles Carle? "La chanson et la poésie ont pris le dessus. C’est sûr. Depuis 10 ans, je ne fais que ça. Bon… J’ai fait quelques films, surtout des documentaires. J’ai dit oui à Charles Binamé pour un film sur Gilles qui s’appelle Gilles Carle ou l’indomptable imaginaire, mais mon plaisir est d’être sur scène. Je m’y sens mieux que sur un plateau de tournage."

L’AMOUR POSTAL

Avant de conclure l’entrevue, nous demandons à Chloé Sainte-Marie à qui elle compte écrire une lettre lors des Correspondances d’Eastman qui se dérouleront du 6 au 9 août prochain. La réponse ne se laisse pas attendre. "À Gilles Carle. J’écrirai aussi à mon amie Bibitte. Je crois que la correspondance est beaucoup reliée à l’amour. Quand on aime, on a envie d’écrire, de laisser une trace."

À écouter si vous aimez /
Les poètes québécois, Buffy Sainte-Marie, Florent Vollant