La Roux : Soleil rouge
Musique

La Roux : Soleil rouge

La Britannique Elly Jackson, chanteuse du duo électro-pop La Roux, a le vent dans la mèche.

Il y a un an, c’était une inconnue. Mais depuis ce printemps, Elly Jackson, à peine 21 anniversaires, est une star dans son Angleterre natale. Son demi-million de singles vendus a de quoi faire taire ceux qui disent que les jeunes n’achètent plus de musique.

Nous l’avons attrapée sur son cellulaire alors qu’elle quittait Los Angeles, point de départ de sa tournée américaine. Dans son pays, Elly a l’habitude de jouer pour des milliers de spectateurs. Mais de ce côté-ci de l’Atlantique, le garçon manqué au falsetto de fillette fait ses tout premiers pas. "C’est un peu bizarre de recommencer à jouer devant des petits publics!" commente-t-elle succinctement.

Alors qu’elle était occupée à se faire connaître des Californiens, Jackson apprenait qu’elle était finaliste pour le prix Mercury aux côtés de Kasabian, Florence and the Machine, les Friendly Fires et Bat for Lashes. "Je suis super-flattée de cette nomination, confie-t-elle. Pour moi, le prix Mercury est celui qui compte le plus!"

Elle n’est d’ailleurs pas la seule à être enthousiasmée par cette nomination. Sur sa page Twitter, Lily Allen, pour laquelle La Roux a assuré la première partie en tournée, l’appuie. "J’espère que La Roux va gagner!" twittait-elle vendredi dernier.

PARADOXALE!

La Roux, c’est plus qu’une erreur grammaticale. C’est un paradoxe. Dans ses clips et sur scène, elle se présente ultra-lookée: la mèche rousse fixée à la bombe, le corps cintré dans des ensembles fluo-punk. Sa dégaine et son style évoquent un mélange de Bowie période Aladdin Sane, du Prince de Sign o’ the Times et d’Annie Lennox. "Mais, se défend Jackson, je ne souffre pas de nostalgie excessive de ces années-là. J’ai mes références, ce n’est pas la même chose."

Autre paradoxe: La Roux fait de la musique amusante, dansante, sympa à écouter. Mais n’allez surtout pas le lui dire. "Je ne veux pas faire du fun!" s’exclame-t-elle lorsqu’on commet cette erreur. "J’en ai marre de la musique le fun. La pop jetable, je m’en fous." C’est vrai qu’il y a une certaine profondeur, une sensibilité folk dans ces chansons qui font souvent état du genre d’angoisses abyssales que peut connaître une jeune femme de 21 ans. Mais voilà, c’est moins pour l’émouvante Cover My Eyes que pour l’électro bonbon acidulé de Bulletproof et Ready for the Kills que les foules se précipitent sur l’album de La Roux .

Surtout, Jackson ne veut pas être associée à la pop facile, façon Lady Gaga et ses imitatrices. Elle ne veut pas être vue comme un vulgaire produit, un effet de mode. Pas question pour elle, par exemple, de venir aux États-Unis chercher l’aide d’un réalisateur-vedette. "Nous n’avons pas besoin d’un Timbaland. Nous nous suffisons."

Dans le "nous" de La Roux, il y a Ben Langmaid, le mystérieux comparse de la chanteuse. Mais à lui, on ne parlera pas. "On collabore ensemble à égalité, on partage tout. Mais en même temps, c’est moi qui incarne La Roux. Ce sont mes chansons!" Serait-ce que ce petit soleil rouge ne souffre pas qu’on lui fasse de l’ombre?

À voir si vous aimez /
Human League, Ladyhawke, A Flock of Seagulls (pour la coupe de cheveux)