Paul Lewis : Quand Beethoven vous prend
Musique

Paul Lewis : Quand Beethoven vous prend

Paul Lewis passera au Domaine Forget pour la première fois. Un récital unique aux couleurs "diabelliques".

Il vient tout juste de compléter sa première intégrale des sonates de Beethoven et continuera de plus belle en réalisant l’intégrale des concertos pour piano. Le pianiste anglais Paul Lewis est l’ambassadeur de cette musique sur l’étiquette de disques française Harmonia Mundi et compte bien profiter de chaque instant pour accomplir ce travail monumental.

"L’ensemble de cette oeuvre est exigeant, vraiment, admet-il. Les dernières sonates, c’est un défi unique. On est projeté dans le futur avec ces pièces, elles dépassent toutes les limites. Maintenant, lorsque l’on met de côté les cycles qu’a traversés ce compositeur pour se concentrer sur chacune de ces sonates, on réalise que la sonate Hammerklavier est le plus grand défi à relever. Pas seulement dans l’oeuvre de Beethoven elle-même, mais dans tout le répertoire pianistique. On interprète cette oeuvre et on sait qu’on sera constamment frustré, mais ébloui aussi. C’est un sentiment qui se partage entre les difficultés techniques et la beauté d’une oeuvre d’exception."

L’interprète avait attiré l’attention sur sa personne avec deux enregistrements dédiés aux dernières sonates de Schubert – dont la D. 960, un autre cheval de bataille – au début des années 2000. Deux disques qui ont fait l’unanimité et l’ont consacré comme pianiste romantique. Entre Schubert et Beethoven, son coeur balance, et il distingue toute l’originalité chez ces deux compositeurs.

"Avec Schubert, on remarque les contradictions et le message personnel qu’il tente de communiquer. Quand il semble nous sourire en musique, on peut facilement discerner la tristesse qui se cache derrière. L’angoisse et la dépression se font toujours sentir, c’est une oeuvre transparente. Son travail est intimement lié à sa vie personnelle et il n’y a pas de filtre. Je crois qu’on retrouve parfois cette dynamique chez Beethoven. Par contre, sa musique va dominer toute cette dimension personnelle. Elle trouve une solution intrinsèque et infaillible. Schubert ne cherche pas les solutions, il pose une question et il n’y répond pas. Posez une question à Beethoven, il vous donnera une réponse claire!"

Après les sonates, les Variations Diabelli est un autre opus essentiel de l’oeuvre du compositeur allemand qui intimide. Celui-ci se retrouve inscrit au récital de Paul Lewis et sortira bientôt sur disque. "Ces variations, elles vous accompagnent pour la vie, confie-t-il. Il n’y a pas de destinations précises où aller avec cette oeuvre. Ce n’est jamais fini! Ces variations sont exponentielles, elles touchent à toutes les dimensions d’un thème. On y découvre toujours quelque chose de nouveau. Le caractère musical de Beethoven y est décortiqué. On y retrouve son amour pour Bach. Mais si on se projette en avant dans le temps, on y retrouve Brahms et même Chopin. Tu vois? Même avec Beethoven, on peut se retrouver en face de Chopin! Avec le temps qui passe, on n’a pas le choix d’y revenir."