Dream Theater : Forgé pour durer
Plus personnel et introspectif, le nouveau Dream Theater étonne par sa richesse mélodique. Entretien avec James LaBrie.
Une réflexion profonde est à l’origine de Black Clouds & Silver Linings, nouvel album de Dream Theater qui, par la force des choses, s’est hissé déjà dans le haut des palmarès américains. Pour y arriver, le groupe, d’après James LaBrie, a dû préalablement se pencher sur sa situation musicale et en faire un bilan. "Nous nous sommes demandé si nous avions grandi depuis le dernier album, Systematic Chaos, en tant que groupe, et si nous avions poussé nos limites personnelles au maximum en tant que musiciens. Et la réponse fut non."
Ce questionnement fut l’élément déclencheur qui a permis à James LaBrie (chant), John Petrucci (guitare), Mike Portnoy (batterie), Jordan Rudess (claviers) et John Myung (basse) de repenser leur musique afin de propulser leur virtuosité vers des sommets jamais atteints. "Nous n’avons pas changé notre manière de créer pour autant, mais je crois que ce qui s’est transformé, c’est la musique elle-même. Elle est très contemporaine comparativement à certains de nos anciens albums. Par contre, beaucoup de gens vont tout de même s’y retrouver, car il y a énormément de références aux précédents disques Awake ou A Change of Seasons. Mais c’est probablement celui qui est le plus progressif, personnel et introspectif de notre carrière."
Progressives, les six pièces de Black Clouds & Silver Linings le sont amplement. Elles possèdent de quoi étancher la soif de quiconque recherchant performance, mélodie et pétulance. Tandis que certains groupes peinent à étoffer une chanson convenable de plus de quatre minutes, les membres du quintette américain, eux, façonnent des pièces aux proportions dignes de Rush, Yes et King Crimson. "Ce qui est comique, c’est qu’il est plus facile pour nous de créer des longues chansons que des courtes!" confirme-t-il en riant. "Assis en studio, on se regarde sérieusement, et on se dit: "Pourquoi pas faire une chanson de cinq minutes?" Mais ça ne fonctionne jamais. Notre liberté créatrice fait en sorte que nous apportons chacun des éléments divers appartenant au classique, au rock et au métal, pour finalement les assembler bout à bout, ce qui crée au final une oeuvre complète à nos oreilles."
Cette liberté tant chérie, on la perçoit à l’écoute de The Best of Times et The Count of Tuscany. Deux pièces qui reflètent parfaitement l’idéologie que prône le dessein groupe. Afin de rassasier ses fans, Dream Theater, par l’entremise de sa maison de disques, Roadrunner Records, a conçu une édition spéciale de trois CD, dont un mixage instrumental de l’album. De plus, ayant élaboré son propre site Internet, YtseJam Records, le groupe Dream Theater offre un tas de bootlegs en ligne, dont une prestation mémorable reprenant intégralement l’album Dark Side of the Moon de Pink Floyd. "L’industrie musicale est en train de changer radicalement, elle s’ouvre sur le monde entier grâce à YouTube, par exemple. Internet est véritablement devenu un véhicule indispensable pour exposer ce que l’on fait. On se doit de l’utiliser à son maximum pour combler nos fans à travers le monde. C’est la nouvelle réalité."
À écouter si vous aimez /
Opeth, Pain of Salvation et Porcupine Tree