En concert, Lake of Stew se permet parfois un bain de foule et joue non pas sur scène mais bien au parterre, parmi l’assistance. Comme elle l’avait fait lors d’une panne de courant un soir de juin en 2008, la formation se prive d’amplificateurs, réduisant sa force sonore à la puissance des caisses de résonance de ses guitare acoustique, banjo, mandoline, violon et violoncelle.
"C’est devenu une tradition pour Lake of Stew de jouer sans amplis, explique le chanteur Richard Rigby. Notre but est de faire lever le party rapidement, et ce, peu importe le lieu. Le contact est soudain plus direct. Quand on joue dans la foule, le public devient un amplificateur très puissant s’il participe et chante nos chansons. Aujourd’hui, avant même d’apprendre à jouer, les musiciens foncent s’acheter un ampli. Ils dépensent électricité et essence. C’est correct, je l’ai fait pendant 20 ans, mais je me suis écoeuré. Avec ma mandoline dans mon sac, je monte sur mon vélo et je peux arrêter jouer n’importe où. Je peux même me produire dans des endroits complètement inusités. L’an dernier, nous avons fait une tournée sur la Côte-Est. Nous avons joué dans des granges."
Avant de fonder Lake of Stew avec son frère Mike et le guitariste Brad Levia, Richard a joué dans un groupe punk influencé par Black Flag dans les années 80 et oeuvré au sein du duo pop lo-fi Shine Like Star (présent sur l’album Glee de Bran Van 3000). "Nous mélangions la pop et le hip-hop. Nous aimions les gros beats sales. Puis je me suis tanné. Je trouvais que ce n’était pas de la vraie musique. Ce n’était que le mouvement d’une souris avec laquelle je cliquais. Je voulais me reconnecter à quelque chose de plus humain."
Est ainsi né Lake of Stew, et son excellent premier album Ain’t Tired of Lovin’ (2008), qui puise dans la tradition folk old time. "Je suis un grand fan du courant minstrel qui date du 19e siècle. C’était des Blancs qui, la figure peinte en noir, jouaient de la musique blues-gospel. Un peu comme si Eminem se couvrait le visage de peinture noire avant ses concerts. Ce serait déjà plus honnête que de porter ces vêtements hip-hop trop grands."
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