Movèzerbe : Hip-hop sous influences
Movèzerbe a poussé et résiste à la coupe. Ce collectif nous a épatés avec une première production qui sort du lot. Une rencontre qui fusionne tous les styles sous la bonne étoile du hip-hop.
C’est en compagnie d’Eman et Claude d’Accrophone ainsi que d’Heythem d’AbidboX que l’entretien prend forme autour d’une table dans un resto. En digne représentant de Movèzerbe, un collectif qui réunit huit musiciens, le trio nous fait la genèse de l’album Dendrophile. Un concept original réalisé l’hiver dernier, dans une maison de l’Estrie convertie en studio, auquel Kenlo, Karim Ouellet, Mash et Tom (2Tom) et Boogat ont contribué. Le but de cet exercice: composer un album sur place et l’enregistrer après quelques sessions intensives de répétition et d’écriture. "On avait des directives strictes. Pas de poker, par exemple! résume Claude en riant. Réunis là-bas, on s’est donné le contexte idéal pour travailler sérieusement et sans arrêt. C’était la seule façon d’y parvenir. Il fallait s’isoler."
"On jammait tous les jours, résume Heythem. Chacun d’entre nous pouvait avoir une idée: une ligne de basse, un riff quelconque. Ça ne prenait pas de temps pour rebondir d’une personne à une autre."
Le résultat est pour le moins surprenant. Comblé par une instrumentation variée, qui passe par les guitares électrique et acoustique, la basse et la contrebasse, sans compter les claviers et les diverses percussions, on se retrouve devant une synthèse de tous les styles. Le funk fréquente le reggae, et le soul, le dub. "Le but, c’était d’aller voir ailleurs, d’assumer une nouvelle direction musicale, indique Eman. C’est un partage qu’on souhaitait et on a allié nos forces pour aboutir à une musique qui aurait été impossible sans l’apport des artistes que tu entends sur cet album. Ce que je constate lorsque je l’écoute, c’est que nous avons réussi à communiquer entre nous."
Les membres du groupe ayant tous des projets solos qui se distinguent les uns des autres, on a de la difficulté à croire à une synergie aussi harmonieuse et démocratique. Qu’en est-il de l’"ego" qui s’affiche chez certains artistes hip-hop? "Le monde du hip-hop, c’est tellement vaste, illustre Eman. Il y a certains artistes qui vont jouer jusqu’au bout une image basée sur leur ego. Il y en a qui jouent la carte "attitude". Par contre, plusieurs demeurent très ouverts au travail de leurs collègues et les collaborations se multiplient. C’est surprenant quand tu es backstage. Tu as certaines gangs qui s’imposent, qui demeurent hermétiques, et tu as les autres artistes qui se mélangent et qui n’ont pas cette conception sérieuse, entre guillemets, du rap. C’est à croire que certains ont peur de se faire du fun… Même applaudir un autre artiste semble compliqué pour eux."
"Par contre, on a dû faire des compromis. Tu peux facilement imaginer que chacun d’entre nous a sa propre méthode de travail et sa propre conception de ce qu’est le "bon son". Parfois on se pilait dessus, mais d’un autre côté, pour chacune de ces pièces, on est tout de même arrivés à trancher quand c’était le temps."
À voir si vous aimez / The Roots, JMC Project, Accrophone