Olivier Brousseau : Ces bottines sont faites pour chanter
Musique

Olivier Brousseau : Ces bottines sont faites pour chanter

Il a roulé ses manches et s’est attablé pour écrire Les Bottines ben attachées. Un album à l’huile de bras gossé par Olivier Brousseau.

"Moi, à la base, je me considère comme un chansonnier, un gars qui prend une guit’ et qui chante des tounes, dans la plus pure tradition québécoise", résume Olivier Brousseau, bilan oblige alors que paraît son quatrième album, Les Bottines ben attachées. Un disque d’ancrage qui sent le poêle à bois qu’allumerait Gervais Lessard (le trad), la bouteille de vieux whisky que déboucherait Hank Williams (le country) et la quille de Black Label qu’écluserait Fred Fortin (le rock).

Premier album enregistré avec un réalisateur, Toby Gendron, dont le travail avec Florent Vollant avait inspiré Brousseau, Les Bottines ben attachées voit le citoyen du monde délaisser les percussions afro-cubaines et les rythmes reggae, omniprésents sur son très festif prédécesseur J’ai mon voyage. "On a aussi décidé d’un commun accord de ne pas mettre d’espagnol. Avant, je faisais un album quand j’avais suffisamment de chansons. Le réalisateur, lui, veut installer une cohérence. Toby m’a souvent renvoyé à ma table de travail."

Mais comme créer un album sans utiliser son passeport est impensable pour l’hirsute chanteur, c’est un voyage à Nashville et à Memphis, "un pèlerinage musical", qui allait le ramener à la version québécoise (guitare, podorythmie, harmonica) du dépouillement country américain. "J’ai été impressionné, au Country Music Hall of Fame, de voir toutes ces légendes qui ne jouaient qu’avec une contrebasse, une guitare et une caisse claire et qui laissaient parler la chanson", raconte-t-il, visiblement toujours remué.

COMME UN SEUL HOMME

"Quand c’est l’heure, faut s’en aller, quitter le nid douillet sans peur de regretter", entonne Olivier Brousseau sur la chanson-titre de l’album, et pour cause, lui qui n’a pas invité, comme c’était le cas auparavant, ses Chaïkebo à collaborer au processus des arrangements initiaux. Le petit gars devient un homme, un peu, le matin où il attache ses bottines tout seul pour la première fois.

Il a néanmoins pu compter sur leur présence en studio, ainsi que sur la collaboration de membres de la grande tablée folk-trad-country sherbrookoise: l’ensemble vocal Musique à bouches, qui verse dans le barbershop sur Chez l’grand Gosselin, et Stéphanie Blanchette du groupe Jaune.

L’ONCLE PLUPLU

Plume Latraverse est encore souvent dépeint comme ce gringalet gaillard, mononcle rabelaisien qui n’en a que pour la boisson et les filles de la rue Sainte-Catherine. Brousseau n’a pour sa part jamais été dupe du génie du père de Bobépine, dont il loue l’indocilité et l’indépendance, mais n’avait pas bien mesuré la témérité dont il faisait preuve en se frottant à Assis, un monologue qu’il a un jour eu la lubie de mettre en musique. "On pense que c’est des chansons simples, mais quand on lit le texte, on se rend compte qu’il y a pas mal de mots là-dedans."

Soulagé de voir son album distribué physiquement par DEP, malgré la crise de l’industrie de la musique (et la crise tout court), l’autoproducteur s’avoue inquiet de l’avenir du disque. "Pis si les temps sont durs je gosserai des chansons", envisage-t-il déjà sur Au yâb les questions! Ce ne serait pas si mal après tout.

Olivier Brousseau
Les Bottines ben attachées
(Productions Sacapus/Productions Tribal/DEP)

À écouter si vous aimez /
Zachary Richard, Plume Latraverse, Florent Vollant