Theresa Andersson : Don d'ubiquité
Musique

Theresa Andersson : Don d’ubiquité

Orchestre à elle seule, Theresa Andersson tire profit de ses multiples instruments afin de concocter, à l’image de son nouvel album, une prestation scénique enivrante où musicalité rime avec originalité et goût.

Remarquée lors de la parution son album Hummingbird, Go! en 2008, Theresa Andersson est parvenue à faire parler d’elle en livrant une indie soul aux réminiscences R&B d’une manière peu orthodoxe, qui n’est cependant pas sans rappeler le travail d’un Joseph Arthur ou d’un Dumas solo. Seule aux commandes, la Suédoise multiplie les nappes sonores à l’aide d’attirails à effets et d’instruments à cordes, musiques sur lesquelles elle couche ses mélodies poignantes. Une performance remarquable qui a déjà valu quelques milliers de visites à son clip hébergé par YouTube et où on peut la voir bâtir ses chansons.

"Je suis vraiment passionnée par les différentes textures, les différentes formes que l’on peut retrouver en nature, dévoile Andersson. Alors j’ai passé beaucoup de temps à La Nouvelle-Orléans, sur le bord du fleuve Mississippi, ou dans mon jardin, à la recherche de textures colorées dans le but de les traduire en musique, poursuit-elle. L’utilisation de looping dans ma musique m’a permis aussi de créer plusieurs textures inattendues, ce qui devient presque un collage musical en soi!" Un collage devenu marque de commerce, chaque sonorité émanant de sa guitare, de son violon ou de son dulcimer se mariant pour former une série d’unions qui semblent relever plus de la magie que du labeur.

Pour cette auteure-compositrice, le processus d’accumulation de sonorités distinctes s’ancre bien dans sa nouvelle démarche artistique, rompant définitivement avec son passé musical. Son souhait originel était d’engendrer une oeuvre totale, écrite par elle-même, intrinsèque et sentimentale, en jouxtant le patrimoine folklorique de la Suède et celui de La Nouvelle-Orléans. Elle cite Allen Toussaint et The Meters à titre d’influences. Mais il lui manquait un atout indispensable afin d’édifier son oeuvre complète. "Lorsque j’étais en Suède pour ma première tournée, je jouais en solo avec des pédales de looping afin de combler le vide. Petit à petit, j’avais planifié ce projet. C’est là que j’ai rencontré mon producteur et musicien, Tobias Froberg. Il est venu ensuite me rejoindre à La Nouvelle-Orléans pour travailler sur mes maquettes, construites en entier sur mon MacBook. Mon producteur m’a demandé à quel endroit j’avais enregistré mes démos, et je lui ai répondu: "Dans ma cuisine, voyons!" On a alors décidé d’enregistrer l’album en entier de la même façon, et qu’en plus je jouerais de tous les instruments."

Intimiste, Hummingbird, Go! en surprendra quelques-uns par sa simplicité mélodieuse, la finesse qui en émane. Un genre d’album devant lequel on demeure perplexe et curieux à la fois. "C’est qu’il y a beaucoup de sentiments et d’intuition dans ma musique", affirme son auteure. Ce résultat, elle le doit au mixage final de Linus Larsson (Peter, Bjorn and John, Mercury Rev), qui a assimilé parfaitement sa démarche sentimentale pour en extraire l’essence, pure et vivifiante.

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Ane Brun, David Martel et Keren Ann