Mille Monarques : Mille sabords
Musique

Mille Monarques : Mille sabords

Après des passages remarqués aux Francouvertes, aux FrancoFolies et au FMEAT, Mille Monarques lance enfin son premier album. La filière soreloise frappe encore.

Bassiste, chanteur et auteur des textes de la formation Mille Monarques, Mathieu Denoncourt s’occupe des éclairages lors des concerts de Malajube. Ses liens avec l’enfant chéri du rock indé francophone ne s’arrêtent pas là. Aussi Sorelois installé à Montréal, il a partagé un appartement avec le chanteur et guitariste Julien Mineau. Ensemble, ils ont joué dans Gnou Suspect au début des années 2000, "un groupe de vieux prog instrumental sur l’acide", commente Mathieu en entrevue.

Encore présent sur MySpace, Gnou Suspect s’est séparé avant même la parution de son premier album pourtant terminé. C’est d’ailleurs dans le but de rescaper les compositions du combo que Mathieu se lie, en 2005, à la claviériste-chanteuse Annie Rousseau aujourd’hui membre de Mille Monarques. "Je savais déjà qu’elle jouait du clavier pour l’avoir vue derrière un piano du temps que j’étais directeur technique d’un théâtre à Sorel. Elle était en coulisse et s’était mise à jouer sur un vieux piano dans un état lamentable. J’avais aimé son jeu. On a commencé par improviser sur les chansons de Gnou Suspect, mais dès qu’on a composé de nouvelles pièces, on a laissé les vieilles de côté."

Différents batteurs et guitaristes se greffent ensuite au duo. Les compositions, d’abord instrumentales, évoluent. Par réflexe et en lien avec la musique anglo-saxonne qu’il écoute, Mathieu y ajoute des paroles en anglais jusqu’à ce qu’un batteur de passage, Olivier Mineau (cousin de Julien et frère de Francis, aussi de Malajube), le force à chanter en français. "J’ai eu de la misère. Il a fallu que je m’isole et que je me mette à gueuler des trucs par-dessus la musique. Ça a donné la chanson Engin de mort. J’ai réussi à m’approprier la langue en écrivant des textes imagés sur des mélodies au service de notre musique."

Immortalisé sur le premier album éponyme de Mille Monarques, le morceau reflète bien l’influence progressive du groupe complété par Simon Quévillon (guitare) et Mathieu Vézio (batterie). Épique, aussi planante par moments que rock explosif, la formation mise sur des atmosphères sombres, rêveuses. La comparaison avec l’urgence de Malajube est facile, mais les déflagrations du quatuor puisent aussi du côté de la new wave, du post punk ou même de la musique baroque. "Je n’ai jamais trippé sur le classique, mais j’ai toujours trouvé que Blonde Redhead avait aussi un petit côté baroque qui procure une tension intéressante, solennelle."

Il y a quelque chose d’imposant et d’intrigant dans la musique de Mille Monarques, comme si nous assistions stupéfaits à l’envolée de 1000 papillons ou à la marche militaire de 1000 empereurs. "L’important, ce n’est pas de savoir de quel genre de monarques il s’agit, c’est juste de comprendre toute la puissance de l’image. L’autre jour, quelqu’un voulait nous organiser une séance photo concept à l’Insectarium. Heille, chose, on est un groupe de rock. J’ai-tu l’air de vouloir me déguiser en papillon…"

Mille Monarques
Mille Monarques
(Note Musik/Outside)
En magasin le 18 août

À écouter si vous aimer /
Malajube, Band of Horses, Interpol