Renaud Garcia-Fons : Soleil, soleil
Musique

Renaud Garcia-Fons : Soleil, soleil

Renaud Garcia-Fons a le Sud dans le coeur et promet de nous faire rêver. Un voyage sans frontières où tout est permis.

Le contrebassiste Renaud Garcia-Fons a eu un rêve. Celui du Sud, avec toutes ses musiques et ses cultures qui ne font qu’un. Avec l’album La Línea del Sur, le musicien et compositeur a fait la synthèse d’un voyage qui n’a plus de frontières. C’est le carrefour des rencontres, comme il le dit si bien. Un carrefour où les musiciens Kiko Ruiz (guitare flamenco), Pascal Rollando (percussions) et David Venitucci (accordéon) se retrouvent en sa compagnie pour dialoguer. La chanteuse de flamenco Esperanza Fernández y est présente, elle aussi, et prête sa voix à ce rêve qui est ouvert à toutes les interprétations possibles.

"Ce qui était nouveau pour moi, c’était d’écrire des chansons, avoue-t-il. Je voulais travailler avec Esperanza Fernández. Alors, très modestement, il fallait que j’écrive des paroles pour qu’elle chante! Il se trouve qu’auparavant, j’avais acheté un recueil de poésie de Rûmî (poète et philosophe musulman du 13e siècle) en espagnol. Ça sonnait très bien et je me suis inspiré de certains thèmes. Un sujet qu’il aborde m’intéresse beaucoup, et il m’intéresse par rapport à la musique elle-même. Rûmî, il parle de l’âme, et plusieurs considèrent, par exemple en Orient, que la musique est un langage de l’âme. C’est un reflet de la musique qui coule comme de l’eau."

On retrouve chez l’interprète d’origine espagnole cette faculté propre aux humanistes qui sont tout sauf sectaires. Son travail est spontané et dépourvu de jugement. On pourrait le considérer comme ambitieux, tellement les styles opposés auxquels il touche sont développés avec justesse. "Je ne peux pas qualifier ce projet d’ambitieux, constate-t-il. C’est un rêve! Chacun possède le sien. C’est plutôt une façon de partager quelque chose. Moi, je ne vois pas de frontières entre ces musiques. À mon sens, elles sont reliées les unes aux autres, comme tous les peuples de la terre sont reliés. La musique, elle, c’est un point de rencontre, un lien fondamental. Beaucoup de ces musiques sont d’ailleurs des musiques de rencontre proprement dite. Le flamenco est une rencontre entre musiciens de différentes disciplines et le jazz l’est aussi. Ce sont des sources indépendantes qui s’intègrent les unes aux autres."

Il serait difficile de placer l’artiste dans une catégorie bien précise. Sa philosophie rejoint celle du contrebassiste François Rabbath qui, lui aussi, a touché à tout. Une influence majeure dans la carrière de Renaud Garcia-Fons. "Quand j’ai commencé la contrebasse, je n’ai pas commencé à travailler cet instrument avec une idée arrêtée. Dans mon cas, j’avais le rêve de pouvoir jouer toutes les musiques. Lorsque j’ai rencontré François Rabbath, il avait déjà accompli un travail énorme pour ouvrir le champ des "possibles" de cet instrument. Autant sur le plan technique que sur le plan musical. Depuis cette rencontre, je n’ai jamais cessé d’étudier. Que ce soit le flamenco, la musique cubaine ou encore orientale, et même la musique asiatique. Je ne veux pas être un spécialiste. C’est ça, mon parcours."

À écouter si vous aimez /
François Rabbath, Astor Piazzolla et Al Di Meloa