Radio Radio : Passez à l’Est
Que les partisans de l’unilinguisme se taisent, l’anglais, le chiac et le français peuvent cohabiter. La preuve qu’on peut mettre trois langues dans le même bain et rester sur la même longueur d’onde: Radio Radio.
En direct de Moncton, Radio Radio souffle un véritable vent d’est sur la scène hip-hop du Québec. Jacobus, Tekstyle et Leks, les trois MC de la formation (Timo a récemment quitté ce qui était jusque-là un quatuor), se situent à la rencontre du hip-hop et de l’électro. Ils versent autant dans la langue de Molière que dans celle de Shakespeare, en passant par le chiac. En quelques mots, ils représentent bien la richesse culturelle et historique du Québec, et c’est l’Acadie qu’il faut remercier pour cette leçon d’histoire.
La formation n’existe que depuis 2007, et déjà le titre de son premier album est sur toutes les lèvres. Fait cocasse, cliché hot est d’abord devenu une expression populaire, utilisée dans la presse spécialisée autant que dans la rue: "On aurait peut-être dû se nommer Cliché hot plutôt que Radio Radio! commente Jacobus en rigolant. C’est encore une blague, là, mais j’ai vu cliché hot dans des revues qui décrivent d’autres groupes, d’autres styles comme MC La Sauce dans le Bang Bang, par exemple. Cliché hot est devenu un catch phrase! On a commencé quelque chose et c’est flatteur de voir le monde embarquer. Si rien du tout, on aura au moins créé une nouvelle expression!"
Souvent associés à la vague électro hip-hop, représentée par Omnikrom au Québec et par TTC en France, Radio Radio adopte toutefois un style qui s’inspire plutôt de celui de la côte est des États-Unis. "Mes influences viennent plus de Wu-Tang, Redman, Method Man, Spank Rock, Beastie Boys", ajoute le rappeur. On en retrouve d’ailleurs plusieurs traces tout au long de l’album, alors que les MC s’amusent à faire référence à Intergalactic des Beastie Boys, à Young MC ou à Notorious B.I.G. "Dans tous les cas, explique Jacobus, le monde mettent les étiquettes comme ils veulent, mais si tu nous compares avec Omnikrom, il me semble que c’est très différent: le son, l’attitude, etc. Pour ceux plus hip-hop, on est plus électro, et pour ceux plus électro, on est plus hip-hop. So, à la fin, j’imagine qu’on est entre les deux."
Sur scène, les membres de Radio Radio démontrent la même énergie et la même originalité que sur leur album, tout en se souciant des besoins du public. "En spectacle, on change un peu les beats, on garde les paroles, mais on s’amuse. Il y a celui qui vient voir le spectacle et qui est tanné d’entendre toujours la même toune. Lui, il se dit que tant qu’à payer du bon argent pour aller voir un show, c’est aussi bien que ce soit différent un peu, sinon, il n’a qu’à écouter le CD. Mais il y a l’autre personne qui veut entendre exactement ce qu’il y a sur l’album. On a essayé de faire un mélange des deux: tout le monde va être content, on fait des spectacles plus punchy, plus électro, plus de party."
À écouter si vous aimez /
CEA, Wu-Tang Clan, Danger Doom