Jim Zeller : Voir la vie en blues
Jim Zeller sillonne les routes d’ici et d’ailleurs pour répandre la bonne nouvelle du blues partout en province et même au-delà. Il s’arrêtera notamment au festival Trois-Rivières en Blues et à la microbrasserie Nouvelle-France, à Saint-Alexis-des-Monts.
"J’ai un été pas mal chargé", me confie le bluesman joint au téléphone le jour de son anniversaire, après avoir décliné la liste de ses engagements dans les prochaines semaines. Mais à jeter un coup d’oeil sur son agenda des dernières années, on constate cependant que l’emploi du temps de Jim Zeller ne lui a guère laissé de répit depuis son émergence sur la scène il y a près de quarante ans. "C’est normal: j’ai une grand’gueule", lance Zeller, avec son merveilleux sens de l’autodérision.
La "grand’gueule" de Zeller ne suffit pas pour expliquer qu’il a été constamment à l’affiche de tous les festivals de blues, grands ou petits, depuis quarante ans. Un talent inné et une admirable persévérance, plutôt, ont permis au natif de Sainte-Agathe-des-Monts de côtoyer des figures légendaires telles que B.B. King, John Lee Hooker, James Cotton et j’en passe. "À 12 ans, je chantais dans des petits groupes de Sherbrooke parce que j’étais un Anglais et que je savais les paroles des chansons pop, me raconte-t-il. Pis j’avais un chum, un Anglais lui aussi, mais avec des parents riches, qui m’a emmené chez lui. Dans sa chambre, il avait tous les disques à la mode. Pis aussi trois ou quatre harmonicas qui traînaient; j’en ai mis un dans ma poche et je pense que mon chum ne s’en est jamais aperçu." Cet harmonica volé allait littéralement changer la vie du jeune Zeller qui, dès la fin des années 60, est parti, à l’âge de 15 ans, faire le tour de l’Amérique du Nord. À l’époque du peace’n’love, la "musique-à-bouche" sera sa carte de visite… et sa carte de crédit.
Au fil des décennies, la rage de vivre de Jim Zeller et sa passion de jouer, sur scène ou sur disque, ne se sont guère émoussées: "Tu sais, j’ai joué partout aux États-Unis, en Europe, en Russie. Même au Maroc, je suis allé jammer dans des fins de soirée sur du raï; c’était tout un défi de m’intégrer à cette musique-là, mais au fond, c’est la même énergie, le même lien aux racines profondes." L’anecdote traduit bien le goût de l’aventure de celui qui parle du blues comme un peintre de sa peinture, et qui n’a jamais hésité à ajouter ses couleurs à lui aux musiques d’artistes aussi divers que Charlebois, Pagliaro, Bob Dylan ou les Talking Heads. "J’ai participé à tellement de shows, tellement de disques; avec Pag, dans le temps, on couchait quasiment en studio."
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B.B. King, Michel Pagliaro, Carl Tremblay