Lac Estion : Les Affranchis

En plus de jouer dans Le Roi Poisson, PA le Gredin est le principal auteur-compositeur et le guitariste de Lac Estion, où il côtoie aussi deux de ses acolytes du RP, soit le claviériste Jo la Crasse et le batteur Olivier Laroche. Ces deux groupes émergents suivent une trajectoire similaire, ayant lancé un premier EP en 2008 avant d’enchaîner avec un album complet autoproduit plus tôt cette année. Qui plus est, chacune des formations a récemment été invitée à donner un spectacle lors des FrancoFolies de Montréal – le même soir! "Lac Estion jouait à 21h sur une scène, et le Roi Poisson à 23h sur une autre. Avec les sound checks et les shows, c’était un marathon", raconte PA.

Selon le musicien, la plus grande différence entre les deux projets est la dynamique qui y règne. "Le Roi Poisson est une démocratie, et c’est parfois lourd, une démocratie! Les décisions se prennent lentement, les consensus sont rares. Tandis que dans Lac Estion, je suis un peu dictateur, je peux changer pas mal n’importe quoi quand je veux. Il y a un gros travail de band, d’arrangements, mais je garde le dernier mot. Et Simon K. (chanteur et coauteur-compositeur) a aussi un rôle important. À deux, ça avance vite."

Demi-finalistes lors des plus récentes Francouvertes, les membres de Lac Estion préconisent un son direct, sans compromis, qu’on a souvent associé à celui des groupes rock des années 1990. "Nirvana, The Pixies, Smashing Pumpkins, Noir Désir ou même Gros Méné, énumère PA. C’est un peu punk, surtout dans l’attitude, mais les chansons à la base sont excellentes, et ça sonne bien. Y’a rien d’idéalisé, c’est un peu chaotique, y’a pas trop de fantaisie là-dedans, c’est juste du vrai! C’était une décennie un peu nihiliste, qu’on a vécue au début de l’adolescence, et ça nous a sans doute marqués. Peut-être qu’un jour, on va se faire produire et on va faire comme tout le monde à qui ça arrive, foutre des brass et des cordes partout, des murs de guitare, de l’Auto-Tune… Mais mon objectif, c’est que ça reste comme ces groupes-là: sincère, et justement sans compromis."

À part ceux des plus absurdes Recettes et Vacances, les textes des chansons qu’on trouve sur Affranchi semblent marqués par l’amertume et le cynisme. On pourrait croire que l’album a été écrit à la suite d’une peine d’amour, mais PA nous assure que ce n’est pas le cas: "Affranchi est une chronique amplifiée de certains états d’âme. Bien sûr qu’il y a eu des filles là-dedans, mais pas aussi clairement que dans le premier EP par exemple, qui était vraiment dédié à une personne en particulier. Sur Affranchi, il y a d’autres sujets et d’autres points de vue. Si je parle d’amour, c’est souvent pour dire à quel point c’est compliqué et sans issue."

"Le cynisme et l’amertume, ce sont des conséquences directes de la lucidité. Certaines choses en viennent à se répéter incessamment, ça me tanne, et j’me demande pourquoi. Avec le recul, ce que j’aime des chansons d’Affranchi, c’est les contrastes qui sont mis en lumière. Surtout dans Obsessif, mettons. Mais être affranchi reste un idéal. Notre bonheur dépend trop souvent d’un appel, d’une autre personne, du beau temps, de ci et de ça. C’est le contraire d’être affranchi."

Le concert que donnera Lac Estion à Trois-Rivières fait partie d’une "tournée en forme de coeur" lors de laquelle le groupe jouera pour la première fois dans plusieurs régions du Québec. "Évidemment, on espère qu’il y aura un nouveau public, des gens qui vont nous découvrir. Que ce soit le cas ou non, on va triper, visiter les villes, être un peu trash, un peu débiles… Aucun d’entre nous n’a jamais vraiment fait de tournée, à part deux ou trois dates. Là, c’est six jours en ligne, sans savoir où on va dormir la moitié du temps!"

Le Roi Poisson, Les Parfaits Salauds, La Raisin Secte