Band of Skulls : Sharp à l’os
Le trio britannique Band of Skulls fait du classic rock tout en se servant de sa tête.
La décennie semble vouloir se terminer comme elle a commencé: sur le mode classic rock, tout en riffs, en cuir et en jeans serrés. Un retour de balancier prévisible après l’indigestion indie-pop, annoncé par l’essor soudain de groupes comme Dead Weather, The Entrance Band et le trio britannique Band of Skulls.
Mais si le classic rock est l’art de la démesure, on devine la nécessité de le pratiquer aujourd’hui avec ruse et astuce. La bande de Russell Marsden l’a compris et l’applique à toutes les sphères de son art. Baby Darling Doll Face Honey, son premier effort paru au printemps en import et mardi dernier en version nationale, s’impose par ses emprunts judicieux au patrimoine de Led Zeppelin, mais sans les clichés du genre, sans maniérisme rétro. "Il y a plein de groupes qui font le truc rétro extrêmement bien, mais pour nous, ça n’est pas assez. Ça ne nous satisfait pas", témoigne le chanteur et guitariste Marsden. "Beaucoup d’éléments de notre son nous relient à ce genre de musique, mais dans notre façon de composer, nous aimons pousser les choses un peu plus loin."
Sur le site officiel du groupe – qui nous apprend également quelques faits amusants sur les membres, notamment que Marsden est descendant d’un passager du Titanic et que la bassiste Emma Richardson est une ancienne championne de nage -, on trouve des liens vers des podcasts réalisés par le groupe, lesquels comprennent des pièces de M.I.A. et de Nick Cave en plus de celles de Queens of the Stone Age. "Ce serait dur de résumer nos influences mais, chose certaine, nous n’aimons pas répéter ce que nous entendons. On a besoin de faire quelque chose de neuf", indique Marsden.
Le trio de Southampton se démarque également dans la manière avec laquelle il a choisi de gravir les échelons de l’industrie de la musique. Bien que la machine à hype soit bien huilée dans son Angleterre natale, c’est plutôt en Amérique qu’il tente d’abord de se faire connaître. Il tourne en effet sur le continent sans relâche depuis le printemps, si bien que sa prochaine visite à Montréal sera sa troisième en quelques mois.
C’est que, plutôt que d’être sous contrat avec une compagnie de disques qui distribue son album en licence, le groupe fait l’objet d’un joint venture entre un label indépendant londonien (You Are Here), un autre basé à Los Angeles (Shangri-La) ainsi que la maison de production montréalaise Phi. "C’est la façon moderne de faire les choses, remarque Marsden. Ça nous donne plus d’espace pour bouger et on a l’impression d’avoir une situation taillée sur mesure pour nous."
Survenue "par hasard" alors que la bande travaillait déjà sur son album, l’alliance semble bien fonctionner puisqu’elle a permis à Band of Skulls de décrocher une position de "single de la semaine" sur la boutique d’iTunes, une place au festival Lollapalooza ainsi qu’une autre sur la trame sonore de New Moon, le prochain film de la série Twilight. "Je pense que c’est bon de savoir faire plus que donner de bons shows ou faire de bons disques. Ce sont des façons comme d’autres de rejoindre plus de gens, de survivre, de faire d’autres disques. Tout ce qui nous aidera à faire ça, on le fera!"
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Led Zeppelin, The White Stripes, Queens of the Stone Age