Beast : L'esprit du conquérant
Musique

Beast : L’esprit du conquérant

Beast s’en va au combat, mais avant d’aller conquérir l’Europe, le duo se permet quelques communions musicales avec ses fidèles.

Sans nécessairement l’avoir amadouée, le Québec a adopté la bête qu’est Beast, projet musical de la chanteuse Betty Bonifassi et du percussionniste Jean-Phi Goncalves qui ne cesse de faire des vagues, voire des ondes sismiques, grâce à la portée de ses compositions trip-rock misant sur le vocal. Sans se méprendre, on peut même affirmer que c’est tout le pays qui a mis des étoiles au cahier du groupe depuis la sortie de l’album à l’automne 2008.

Après cette année faste, le repos du guerrier s’est imposé; c’est à son retour de vacances (deux petites semaines peinardes aux Îles-de-la-Madeleine) que nous attrapons Jean-Phi pour cette entrevue. "L’été a été relativement relax par rapport au restant de l’année, nous avoue-t-il. Ça nous a permis de respirer un peu parce qu’à l’automne, ça va être intense. On va se promener pas mal. Il faudra aller développer des territoires. L’album sort en Allemagne en octobre et en France quelques mois après." Cette percée française est plutôt significative pour le duo. "Betty et moi, on vient de là. C’est quand même cool de savoir que nos mamans vont pouvoir acheter notre album en magasin. (rires)"

Les médias québécois ont beau parler de succès international pour Beast, le groupe ne s’en laisse pas accroire. Au contraire, il se retrousse les manches. "En dehors du Québec et du Canada, c’est une histoire à bâtir. Avoir une crowd, ça ne se fait pas du jour au lendemain, puis ça ne se fait pas à distance. Pour que ça marche, il faut y aller souvent et y aller encore. On est prêts à ça." Voilà une attitude qui devrait plaire à leur mamans!

"J’ai l’esprit du conquérant, ajoute le bidouilleur. On s’en va sur une terre inconnue sans trop savoir ce qui va se passer. Ça va être "thrillant"."

LA BANANE

Écouter Beast est une chose, voir le groupe live en est une autre. S’il y a quelque chose d’unanime à son égard, c’est bien que ses performances scéniques transcendent tout le reste. "Betty et moi, c’est sur scène qu’on a grandi musicalement. En spectacle, tu remarqueras, il y a des chansons à des années-lumière de l’album. Ça nous permet d’arriver sur le stage avec la spontanéité qui est nécessaire pour faire un bon show, avec la banane." La banane? "Le sourire, le goût! (rires)"

Quant à Betty, elle se présente à l’avant non seulement avec la banane, mais elle y chante avec un naturel quasi nonchalant. "Ça cache un grand talent, explique Jean-Phi. C’est vrai qu’il y a une certaine aisance, alors que ce doit être très exigeant vocalement, et physiquement. Elle donne tout."

COMPARAISON FAUTIVE

Se faire comparer fait partie du jeu quand un nouveau band arrive sur l’échiquier musical. Pour Beast, Portishead est la référence qui revient sans cesse, mais selon Jean-Phi Goncalves, il faut nuancer. "Betty se fait souvent comparer à Beth Gibbons alors que la voix, c’est l’aspect de Beast qui ressemble le moins à Portishead. À la limite, tu peux dire que les ambiances font un petit peu Portishead, mais la voix… Celle de Gibbons est fragile, de tête, alors que Betty a une grosse voix imposante…"

Et elle ne fera de vous qu’une seule bouchée.

À écouter si vous aimez /
Portishead, Rage Against The Machine, DJ Champion