Mockin’ Birds : Migrer vers la gloire
Les Mockin’ Birds ont déjà conquis le Saguenay avec leur rock mélodique et voilà qu’ils survoleront le Québec avec leur deuxième album.
Fruit d’un long processus de création, Spread Your Wings, le deuxième effort sur disque des Mockin’ Birds, risque fort bien de séduire le grand public. Enregistré lors de 10 jours intenses au Makina Studio par Ryan Battistuzzi, l’opus a toutefois nécessité une certaine gestation. À ce sujet, Sky Chapman Jr., batteur de la formation, nous en dit un peu plus: "On est arrivés bien préparés. On était limités en termes de temps et d’argent. On s’est préparés pendant un an en préprod à jouer les tounes, à les écouter, à les enregistrer. On passait des fins de semaine de 13 heures par jour en studio à jouer et rejouer les trois mêmes chansons. On en revenait complètement brûlés, mais les chansons gagnaient tellement en puissance!" Et Moe Sparks, bassiste, d’ajouter: "Pendant six mois, on est allés une fois par mois à Montréal travailler les tounes avec Domenic Romanelli (Nicolas Ciccone, Jean-François Brault) pour leur donner une meilleure structure. On a fait ça intensivement."
Comme les Mockin’ Birds ne semblent jamais faire les choses à moitié, ils ont demandé à nul autre que le leader du groupe The Sainte Catherines, Hugo Mudie, de réaliser leur disque. Et afin d’officier à l’enregistrement, les Birds ont visé haut, et comme l’explique Moe, le destin leur a plutôt souri: "On voulait aller chercher de la crédibilité en ce qui concerne le nom de celui qui allait enregistrer l’album. Toute la gang, on a "checké" qui avait réalisé les bons albums au Québec dans les dernières années. On est tombés sur Ryan Battistuzzi, qui a travaillé avec Malajube et We Are Wolves. On l’a approché, on lui a fait écouter les trois maquettes et c’était parti."
Les Mockin’ Birds n’ont jamais caché leur profonde affection pour les Rolling Stones, qui s’est toujours bien fait sentir dans leur sonorité. Mais à l’écoute de Spread Your Wings, on constate rapidement que la palette d’influences du quatuor est bien plus large. À cet effet, Moe nous divulgue le secret derrière cet épanouissement de registre: "Quand on travaillait les tounes avec Domenic Romanelli, il nous disait souvent: "Stay away from Stones." Ça nous a permis de mettre notre touche Mockin’ Birds au lieu d’essayer de trouver ce que Keith Richards aurait joué. Ça nous a aussi permis de devenir de meilleurs compositeurs."
On ne serait nullement surpris d’apprendre qu’avec un tel disque en main, le groupe a en tête de signer un fantastique contrat avec une grande maison de distribution. Bien que l’idée puisse être séduisante, les expériences du passé amènent à une certaine vigilance teintée de sagesse. Moe nous en explique les raisons dans une envolée lyrique débordante d’émotions: "Ce qu’on veut faire avec l’album, c’est jouer le plus possible et vendre le disque le moins cher possible. On veut même en venir à un concept où tu paies 10 piastres pour aller à notre show et on te donne l’album, comme ça, on oblige le monde à avoir le disque. Pour le premier album, le distributeur qu’on avait nous a fourrés de 800 piastres et a fait faillite. On n’a jamais touché une cenne de tout ce qu’on a vendu en magasin. Tant qu’à se faire fourrer par du monde, on préfère les donner, nos disques."
Dans le même ordre d’idées, Sky Chapman Jr. nous expose le changement de paysage dans l’industrie musicale au cours des dernières années: "On a pensé longtemps que pour l’album, il nous fallait absolument une compagnie, mais on s’est fait conseiller par beaucoup de gens de le sortir nous-mêmes. Les compagnies ne sont plus ce qu’elles étaient et le gros rêve, ça n’existe plus. Quand tu signes pour elles, tu viens de perdre les droits de ton album et tu n’es plus libre comme avant."
Une chose est certaine, si l’objectif avec Spread Your Wings est de donner une multitude de concerts, l’horizon se révèle très intéressant avec déjà 16 spectacles à l’horaire des Mockin’ Birds, et ce, seulement avant Noël. Toutefois, une telle réussite ne fait pas que des heureux. Du moins, c’est ce qu’avance Moe avec un sourire en coin: "Quand tu "checkes" notre MySpace, tu vois qu’on commence à avoir pas mal de shows qui s’en viennent, et là ta blonde te dit avec une pointe d’ironie: "Vous allez passer toute qu’un bel automne…""
Et qu’en est-il de passer autant de temps sur la route ensemble? Sky Chapman Jr. y va d’une réponse fondée sur la nécessité de l’amitié. "C’est important. C’est la base de tout groupe qui dure. Il faut qu’il y ait une amitié et que tu aies le goût de jouer avec un autre gars et d’aller prendre une bière avec après. Tu ne peux pas partir une semaine sur la route avec à côté de toi quelqu’un que tu n’es pas capable de sentir." Pour sa part, Moe nous fait part du fondement absolu des Birds: "Nous autres, on a tous ça en commun, on vit pour la musique et pour le rock. Le matin, quand tu prends ta douche, il faut que tu rockes." Simple comme raisonnement, mais efficace.
C’est donc dans la camaraderie que les Mockin’ Birds iront aux quatre coins du Québec afin de transmettre la bonne nouvelle. Moe nous détaille en riant leur plan d’attaque inspiré du baseball: "Là, notre prochaine étape, c’est le défrichage des villes. On va essayer la fameuse théorie des deux chances. On va y aller une fois, et si c’est vide et qu’il y a pas un chat, on va se dire que c’est juste un mauvais soir. Si c’est la même chose quand on va y retourner, on va rayer la ville de nos futures tournées. Comme là, Sorel a une prise."
L’odyssée des Birds débutera avec le lancement de Spread Your Wings à l’Opéra – Cabaret urbain le 2 septembre. Déjà – et sans tomber dans les mauvais jeux de mots -, les billets s’envolent à un bon rythme. Il ne reste qu’à leur souhaiter que leurs voeux se concrétisent, surtout ceux de Moe: "Le but, c’est de jouer le plus souvent possible tout en restant en santé et en gardant une bonne relation de couple… et sa job."
Mockin’ Birds
Spread Your Wings
(Indépendant)
À écouter si vous aimez /
The Rolling Stones, The Beatles et Sloan