The Sounds : Saines ambitions
Musique

The Sounds : Saines ambitions

Forts d’une énergie combative qu’ils déballent sur le mode de l’anxiété nordique, The Sounds livrent un rock dansant sans jamais compromettre la profondeur des sentiments.

Depuis leur formation, The Sounds prennent de l’altitude. Après un décollage violent en Suède, où son album fondateur (Living in America, 2003) a obtenu des chiffres de vente spectaculaires, le quintette de Scanie a conservé l’élan et rapidement trouvé son public de ce côté-ci de l’Atlantique.

Quelques tournées en compagnie de formations accomplies et une participation au Vans Warped Tour ont achevé de consolider une base de fans relativement modeste, mais sur laquelle s’appuie confortablement le groupe qui balance un rock hyperactif aux accents new wave, façon Blondie "shooté" à l’EPO.

À la parution de leur second album en Amérique (Dying to Say This to You, 2006), on sentait que The Sounds avaient atteint leur altitude de croisière. Et leur public nord-américain semblait se stigmatiser, se composant largement d’adeptes de sports extrêmes, comme en témoignent les kilomètres d’entrevues accordées à des magazines de surf, de skate, de snow… "C’est étrange, nous ne comprenons pas tout à fait ce phénomène, admet le guitariste, claviériste et coauteur de la plupart des chansons, Jesper Anderberg. Peut-être est-ce l’énergie de notre musique qui les séduit?" suggère-t-il. Mais sans doute aussi est-ce l’attitude… "C’est une bonne piste, acquiesce-t-il. C’est vrai que nous sommes assez baveux."

De cette humeur qui flirte avec l’arrogance et qu’incarne à merveille la blonde et charismatique chanteuse Maja Ivarsson, The Sounds ont en quelque sorte tiré leur éthique de travail. Ouvertement ambitieux, ils cherchent constamment à améliorer leur sort. "Je ne comprends pas pourquoi certains groupes refusent de dire qu’ils voudraient vendre plus de disques et faire davantage de concerts, s’interroge Anderberg. Si c’est pour ne pas froisser les fans de la première heure qui voudraient conserver un statut privilégié, alors je comprends encore moins… Qu’y a-t-il de mal à vouloir être les meilleurs?"

Déçus par le peu de progrès que leur permettait jusqu’alors leur étiquette de disques, les membres du groupe ont choisi de faire peau neuve pour la parution de leur troisième essai intitulé Crossing the Rubicon. "Compte tenu de la nature changeante du milieu du disque, il nous fallait plus de liberté", explique le musicien alors qu’il s’apprête à s’envoler pour Québec où, dans le cadre d’Envol et Macadam, la formation entreprendra une tournée monstre de plusieurs mois. "Le monde de la musique change tous les jours, alors il nous faut pouvoir choisir, au gré du marché, comment nous souhaitons la diffuser."

Enregistré entre Los Angeles et New York, à leurs frais, Crossing the Rubicon n’est peut-être pas le disque le plus explosif des Sounds, mais c’est sans doute leur plus achevé. "Nous voulions vraiment faire un album avec une personnalité, une identité qui teinte l’ensemble, même si c’est un peu anachronique puisque les gens n’achètent plus que des chansons", relève Anderberg.

Au final, c’est cependant la musique qui y gagne, qui s’élève un peu plus haut, les chansons déployant ici toute leur ambiguïté en s’écartelant magnifiquement entre l’exubérance et la mélancolie. "Nous avons toujours cherché ce ton, et c’est vrai, c’est sans doute plus évident que jamais. C’est peut-être la touche suédoise. Ici, même quand les gens sont heureux, ils semblent toujours préoccupés par autre chose."

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