Jay-Jay Johanson : Renaissance
Musique

Jay-Jay Johanson : Renaissance

Jay-Jay Johanson retrouve ses musiciens après avoir exploré le côté obscur de la pop. Une renaissance pour celui qui s’est réconcilié avec lui-même.

Après une parenthèse musicale qui l’avait plongé dans la musique électronique jusqu’au cou avec les albums Antenna et Rush, le chanteur suédois Jay-Jay Johanson nous revient tel que nous l’avions aimé avec la trilogie composée des albums Whiskey, Tattoo et Poison. Aujourd’hui, sa voix se fait de nouveau entendre dans un cadre acoustique, en groupe, où les échantillonnages ne sont qu’accessoires, utilisés avec soin pour illustrer une poésie introspective. Un retour aux sources inspiré qui se confirme avec l’album Self-Portrait, son tout dernier, paru en Europe au printemps.

L’artiste s’offre maintenant le luxe d’une tournée intimiste, accompagné seulement par le pianiste Erik Jansson. Une dynamique chaleureuse qui nous offre ce crooner de la pop à nu. "Je n’ai jamais été mal à l’aise sur scène, affirme-t-il. Dans le passé, j’ai eu à interpréter dans un contexte particulier. La musique n’était plus le résultat d’un travail fait par des musiciens. Elle était faite par des producteurs basés en Allemagne. À cette époque, le travail de Björk et de Radiohead m’avait beaucoup influencé. C’était dans l’air du temps, une façon comme une autre pour moi de casser une image. Maintenant, avec Self-Portrait, je retrouve les musiciens qui étaient avec moi sur l’album Whiskey. Les années ont passé, nous sommes mariés et nous avons des enfants. Il nous fallait cette pause."

Une pause qui était essentielle pour Johanson, accaparé au début des années 2000 par les obligations liées à un contrat de disques avec la multinationale BMG. "Je me suis rendu compte que les cinq années qui ont précédé la sortie de Poison, et celle qui a suivi avec la tournée mondiale, je les avais toutes passées sur scène et en studio. Sans interruption, et avec les mêmes gars… Nous ne pouvions plus communiquer entre nous, nous étions complètement déconnectés. Pris dans une routine et les statistiques de vente… Et nous buvions beaucoup trop. C’est à ce moment que j’ai décidé que je n’allais pas recommencer le même processus. Il fallait changer, explorer."

Et cette métamorphose a porté fruit. Si certains ont été déçus par ce virage, d’autres retrouvent maintenant l’artiste au terme d’un parcours qui s’est justifié dans une lutte contre l’étiquette et l’image. Mais néanmoins, l’interprète ne cesse d’exercer une forme d’autocritique par rapport à son travail.

"Je constate que toutes mes chansons ont été composées au piano, dit-il en riant. Ça me tracasse… Par exemple, tu écoutes les Beatles. Tu remarques très vite la différence entre les compositions de Paul McCartney et celles de John Lennon. Paul composait la plupart du temps au piano et John à la guitare. C’est si différent à la guitare. Il y a une pulsion, une rythmique particulière. Alors, ces derniers temps, j’apprends la guitare du mieux que je peux! Nous verrons bien!"

À écouter si vous aimez /
Anthony and the Johnsons, Portishead, Chet Baker