Le Bal à l'huile : Fleur d'épluchure
Musique

Le Bal à l’huile : Fleur d’épluchure

La voix façonnée et les talons usés par 11 ans de chansons à répondre, Le Bal à l’huile s’exclame dans Maudit que j’filais ben, son premier album.

Fou ce qu’une épluchette de blé d’Inde peut être féconde. Un éplucheur se met à chanter, un autre le relance, et ainsi de suite jusqu’à ce que le maïs soit cuit.

Tout un coup de foudre artistique que Patrick Goulet et Jean Coupal vécurent ainsi il y a un peu plus de 11 ans. "Le lendemain de l’épluchette, j’ai dit à ma femme: "C’est un méchant phénomène, ce gars-là, j’aimerais ça le revoir"", confie Goulet. "Moi, j’avais dit exactement la même affaire à ma douce", avoue, complice, Coupal. Le Bal à l’huile jaillissait ainsi des épluchures et offre ces jours-ci un premier album dont le titre fait écho à cette journée d’été, Maudit que j’filais ben.

Autoproclamé "le groupe trad de l’Estrie" dans son dossier de presse, Le Bal à l’huile a cependant joué d’humilité en recrutant des collaborateurs de haut calibre, comme Érik Beaudry, de La Bottine Souriante, à la réalisation. "On avait perdu notre guitariste et je me suis dit: "Pourquoi on n’irait pas chercher le meilleur, le Mario Lemieux de la guitare?"", se rappelle Goulet.

RÉPONDEZ, LES RÉPONDEURS

La magie du Bal à l’huile tient beaucoup à ses harmonies vocales… à cinq! Recrutés par nos deux chanteurs principaux, les répondeurs (France Duquette, Michel Garant et Christian Proulx) ont répété (et sué!) huit mois, a cappella, sous la houlette "d’un lettré en musique", Thierry Pilote, néanmoins néophyte en matière de trad: "Il avait écouté deux, trois chansons de La Bottine."

Une méconnaissance bénie selon Goulet: "D’habitude, dans la chanson à répondre, t’as une basse, une haute et la gang qui répond dans le milieu. Lui, il a travaillé à partir d’arrangements plus classiques. Il y a des canons, des choeurs."

HOMMAGE À HOMMAGE AUX AINÉS

Se forger son propre répertoire importait sérieusement au septuor (Normand Breton, accordéons, et Bob Shea, contrebasse, complètent la formation). "Éthiquement parlant, dans le milieu trad, si tu reprends une chanson des Charbonniers intégralement, tu sors pas de l’ordinaire, tu es considéré comme série B. On a préféré faire du collectage, s’accoter avec du monde qui connaît des chansons, comme le pape du trad, Jean-Paul Guimond, de Wotton", raconte Goulet.

Bien des Cantons-de-l’Est, Le Bal à l’huile distillerait pourtant un son typique à la mère patrie du trad québécois, Lanaudière. "Quand on fait jouer nos chansons ici, les gens disent qu’on a une "swing Joliette"", explique Goulet. "Nous sommes des Lanaudois nés dans des corps d’Estriens", renchérit Coupal, identité que l’on peut revendiquer sans rougir lorsque son album porte l’imprimatur de Gaston Lepage, mythique leader du collectif Hommage aux aînés, de la région 14. "Vous serez charmés par les arrangements et les interprétations de leurs chansons dans la plus belle tradition", écrit-il en substance dans la pochette de l’album. "On a passé une veillée avec lui à découvrir les chansons qu’il nous proposait et c’est resté un ami. C’est un personnage, Gaston, c’est le Wayne Gretzky de la chanson à répondre."

Le Bal à l’huile
Maudit que j’filais ben
(Indépendant)

À voir si vous aimez /
La Bottine Souriante, Hommage aux aînés, Les Charbonniers de l’enfer