Louise Forestier : L’aventure, c’est l’aventure
Louise Forestier s’illustre sur scène en compagnie du groupe El Motor. Une aventure libre qui s’ajoutera aux autres à venir.
C’est un dénouement auquel elle ne s’attendait pas. Quelques mois après la sortie du disque Éphémère, la voici de retour sur la scène musicale, accompagnée d’un nouveau groupe de musiciens et forte d’un succès critique qui lui a même permis d’aller chercher un prix de l’Académie Charles Cros à Paris. "J’ai fait ce disque pour le fun et je me suis fait prendre à mon propre jeu!" nous résume Louise Forestier, sans prétention, en nous donnant cette impression qu’elle réussit à s’amuser avec la vie, à son rythme, pour en extirper le meilleur.
Ce dernier disque, elle le faisait pour elle. En fait, elle ne voulait plus faire de disque. Ce qu’elle voulait, c’est demander à son fils Alexis Dufresne si c’était une bonne idée, ou encore si c’était possible, de travailler avec lui. Les deux se sont rencontrés pour vérifier. Le fils s’est transformé en réalisateur et la mère est devenue l’auteure et l’interprète qu’elle a toujours été.
"Je n’ai jamais mis ma carrière de côté, je l’ai continuée, précise-t-elle. C’est comme cela que je le sens. Je suis une fouineuse, une curieuse, une impatiente… Quand j’ai commencé à travailler avec Alexis, je ne voulais pas faire un disque. J’avais seulement le goût de travailler avec lui. Il m’a dit: "On va essayer de faire une chanson. Tout d’un coup qu’on n’est pas capables de travailler ensemble!?" C’est la base quand même!"
Avec seulement un piano, une guitare, une voix et un ordinateur en guise de studio, ils ont ciblé ce qu’elle appelle l’essence. "Dès le départ, on s’est imposé quelques règlements. Il n’était pas question d’utiliser d’anciennes musiques, sauf celles de Catherine Major et de Pierre-Alexandre (Bouchard du groupe El Motor), parce que je les aime. La deuxième règle concernait les textes. Il fallait l’unanimité, sinon, on n’y touchait pas. Et le dernier règlement: dès qu’on commence à composer, on ne s’arrête pas. On ne s’interroge pas en plein milieu, pour se demander si c’est bon ou non. Il faut aller jusqu’au bout."
Cette méthode a porté fruit. En compagnie des complices d’Alexis Dufresne, ceux du groupe El Motor dans lequel il officie, et avec le guitariste Steve Hill et le pianiste Jean-François Groulx – celui-là complice de Louise Forestier -, ils ont assis une facture sonore singulière et aérienne, à laquelle la voix de l’interprète se greffe naturellement. Louise Forestier est une artiste qui peut digérer la nostalgie et le romantisme comme personne, et l’insolite, appuyé par des mots qui font abstraction de tout, s’illustre aussi avec une pièce comme Ostinato.
"Pour certains textes, c’était presque de l’écriture automatique, illustre-t-elle. Par le passé, je faisais ça pour dérouiller la machine, mais je n’utilisais pas beaucoup le matériel qui en résultait. Cette fois-ci, c’était la matière brute avec laquelle j’ai travaillé."
La voici maintenant entourée de ces jeunes dont elle semble s’inspirer sans réserve. Un chapitre de plus à une carrière éclectique et parfois aventureuse. Forestier s’interroge encore sur un cheminement qu’elle regarde sans gêne. "Je n’ai plus de plan de carrière… En fait, est-ce que j’en ai déjà eu un? Je ne crois pas. Moi, j’aimais ça et c’est tout. C’était physique ou même métaphysique. Des plans de carrière, on vous en propose. Par contre, je ne les étudiais pas longtemps. J’étais un peu comme un cheval sauvage difficile à dompter. Parfois, je m’en voulais. Et puis, avec le temps, tu te rends compte que c’est toi qu’il faut écouter. Moi, c’est comme ça que j’apprends. Comme on dit: le nez dans son caca. Et là tu fais: Oh! Oh! C’est correct, je ne le referai plus!"
À écouter si vous aimez / Brigitte Fontaine, Catherine Major et El Motor