Marc Hervieux : L’Ascension
Le ténor Marc Hervieux tient le rôle principal dans Pagliacci, première partie du programme double qui ouvre la 30e saison de l’Opéra de Montréal.
La popularité de Marc Hervieux suit depuis quelques années une pente ascendante dont on n’aperçoit pas le bout. On le voit à la télé, on l’entend à la radio et, parmi les quatre qu’il a enregistrés cet été, le ténor prépare même un disque de chansons populaires.
"Ce n’est pas du tout pour répondre à une "mission" de démocratiser l’opéra, explique-t-il, mais simplement parce que j’ai la chance de pouvoir le faire, de réaliser un vieux rêve. Si ça déplaît à certains, ou que ça plaît à d’autres, c’est la vie! En fait, c’est un cadeau que je me fais à moi-même, c’est super égoïste!" Qui tombe bien tout de même, dans la foulée du succès connu avec la version opératique de Starmania. "C’est vrai que ça pourrait avoir l’air très planifié, mais c’est vraiment un hasard, je n’ai pas de plan de carrière."
N’allez pas croire cependant que le ténor change de bord. "Il ne s’agit pas d’un virage. Je ne vais pas me mettre à ne chanter que de la pop. Hier soir, j’ai terminé l’enregistrement d’un disque d’extraits d’opéras italiens avec Yannick Nézet-Séguin et l’Orchestre Métropolitain. Et puis j’ai commencé une collaboration avec Atma dont le premier projet est un disque de Noël, très traditionnel, sur lequel je chante "comme un ténor", dans une église. Et j’enregistre aussi un disque de chansons napolitaines, qui est presque terminé."
Tout cela paraîtra dans l’année qui vient, et le disque de Noël permettra à Hervieux de donner plusieurs concerts au Québec avec les Disciples de Massenet, mais restons en Italie, avec Pagliacci (1892) de Ruggero Leoncavallo, qui ouvre la saison de l’Opéra de Montréal (en programme double avec Gianni Schicchi [1918] de Puccini). "C’est une belle marque de confiance du directeur artistique Michel Beaulac, parce que ça fait un moment que je veux aller vers ce répertoire-là, plus spinto, mais il faut que ça se sache. Je viens tout juste, ce matin, d’annoncer au Met que je ne serai pas Hoffmann (dans Les Contes d’Hoffmann, d’Offenbach). Je pourrais le faire, mais je sens que je suis à un point de changement. C’est sûr que mon agent a fait une dépression en entendant ça! Mais je crois que je suis le meilleur juge de ce que peut faire mon instrument."
Pour incarner le personnage de Canio, ce clown qui "pète une coche" et assassine sa femme et son amant en pleine représentation, un rôle qui a été joué par les plus grands (Gigli, Björling, Domingo, Pavarotti…), Hervieux sera bien entouré. "Que des amis, alors il y a de l’ambiance en répétition! Mais c’est parfait puisque nous jouons une troupe, et je retrouve là Marie-Josée Lord, Pascal Charbonneau et Étienne Dupuis, avec qui j’étais dans Starmania. Dans le cas de Gregory Dahl, nous avons fait notre première Bohème ensemble, alors on se connaît très bien. Pareil pour le metteur en scène Alain Gauthier et le chef James Meena (qui dirigera l’OSM), avec qui je n’ai jamais fait d’opéra, mais plusieurs concerts. C’est un rôle complexe et je suis très excité d’y arriver avec cette équipe."
On pourra entendre Marc Hervieux chanter des airs d’opéra déguisés en tangos pour célébrer le 25e anniversaire de l’ensemble Quartango les 7, 9 et 10 octobre (20 h 30, Théâtre Corona), mais avant, on ira découvrir son interprétation de Canio/Pagliaccio dans la nouvelle production de l’Opéra de Montréal.