miCkey[3d] : Mick n’est plus seul
miCkey[3d] fait peau neuve après une escapade en solo. Avec La Grande Évasion, le chanteur-râleur aligne une série de mises en scène charmantes ou affolantes, dans cette poésie douce-amère qui fait sa signature.
Vous n’avez pas la berlue, la graphie du nom est légèrement modifiée. "Les musiciens qui m’accompagnent ont changé, annonce d’emblée Mickaël Furnon. J’avais perdu de vue les précédents depuis trois ou quatre ans… Comme dans toutes les histoires de groupes, d’amour ou d’amitié, au bout d’un moment, chacun a suivi son chemin." Pourtant, la différence n’est pas flagrante: même basse cinglante, mêmes riffs entêtés et anxieux dans les titres plus mordants (Je m’appelle Joseph, Personne n’est parfait), même douceur folk pour envelopper les chansons plus douces qu’amères (Yula, La Footballeuse de Sherbrooke), un titre plus "upbeaté" et poignant avec synthés à la LCD Soundsystem (Méfie-toi de l’escargot, premier extrait); bref, le fan de M3D navigue en eaux connues. "Je travaille encore de la même façon, c’est-à-dire que je compose les chansons seul et, quand on entre en studio, j’invite des musiciens. D’où les parenthèses: ça demeure mes chansons et mon groupe, mais ce n’est plus tout à fait la même histoire."
Si ce cinquième album studio s’intitule La Grande Évasion, c’est que la fugue et les explorations ont lieu dans l’écriture. "Je signais souvent des chansons sociales et citoyennes, mais cette fois, j’ai eu envie de partir un peu dans l’imaginaire, de raconter des histoires et de brosser des portraits de personnages hors du commun; en somme, de m’évader de mes chemins de prédilection." Tout en conservant cette fascination pour l’enfance et cette propension à disséquer la peur. "Oui, c’est toujours en moi", admet l’auteur de J’ai demandé à la lune (Indochine) en s’excusant presque.
L’album s’ouvre sur un défilé de psychopathes en puissance. Playmobil évoque l’enfance d’un certain personnage national marié à une chanteuse top model et, dans Je m’appelle Joseph, on fait la connaissance d’un narrateur à la ’97 Bonnie & Clyde d’Eminem, inspiré par un polar de R.J. Ellory. "Parfois, on a envie de sortir de soi, un peu comme les acteurs. Ça fait du bien d’investir le corps de quelqu’un d’autre."
Parmi ce bouquet de saynètes alarmantes qui dépeignent le quotidien de la fille du cannibale, de l’homme qui prenait sa femme pour une plante, de celui qui cherche le numéro de téléphone de Dieu, ou d’un autre qui est trop lent et fragile pour notre monde affolé, à travers quelques hommages sentis à une fiancée galactique et à la ville de Paris (éloge surprenant de la part de cet habitant de Montbrison), LE texte qui fera craquer les fans québécois, c’est, bien sûr, La Footballeuse de Sherbrooke. "J’y ai fait un petit spectacle l’an dernier et on m’avait installé au campus de l’université plutôt qu’à l’hôtel, c’est assez rigolo. Je me suis réveillé tôt et je suis allé me promener sur le campus. Il y avait des filles qui jouaient au football. J’ai regardé le match, j’étais seul dans les estrades, et je me suis imaginé l’histoire d’un garçon qui vivrait avec une footballeuse et s’occuperait des enfants… J’ai écrit cette chanson dans la voiture en repartant. C’est aussi ma façon à moi de dire que j’aime beaucoup le Québec."
miCkey[3d]
La Grande Évasion
(EMI)
En magasin le 22 septembre
À écouter si vous aimez /
A.S. Dragon, Noir Désir, Louise Attaque