Hypnotic Brass Ensemble : Tissé serré
Le Hypnotic Brass Ensemble est une affaire de famille et la musique, sa raison d’être. Place à ces prodiges du jazz qui cultivent le groove cosmique.
Difficile de fixer une date de début précise pour le Hypnotic Brass Ensemble, ce collectif de cuivres composé de neuf musiciens, dont huit frères, qui a vu le jour à Chicago. Enfants, la couche encore aux fesses, ils baignaient déjà dans le jazz. Tout s’explique lorsque l’on apprend que le père de ces huit prodiges n’est nul autre que Kelan Phil Cohran, un trompettiste de la scène jazz d’avant-garde dans les années 50 et 60. Une figure de proue pour ses fils, qui volent maintenant de leurs propres ailes, bien établis à New York.
Nous entrons en contact avec le trompettiste Gabriel "Hudah" Hubert alors qu’il se trouve en pleine réunion familiale, à Chicago. "La musique, c’est notre vie, précise-t-il. Tout petits, c’est ce qui nous rassemblait dans le salon de notre mère. Je pense que mon père et ma mère, comme les autres parents, avaient un plan pour leurs enfants. L’enseignement de la musique en faisait partie. Malgré tout, il fallait composer avec le monde extérieur. L’école et le collège, c’était très important. Mais, à la maison, c’est la musique qui régnait."
Un apprentissage qui leur a inculqué une discipline exemplaire, mais aussi certaines valeurs fondamentales. Ainsi, cet ensemble indépendant résiste encore et toujours aux diktats de l’industrie, qui regorge de concepts commerciaux. Malgré cette autonomie, le Hypnotic Brass Ensemble s’est retrouvé à plus d’une reprise en première partie de Blur et de The Good, The Bad & The Queen, en compagnie d’un batteur nommé Tony Allen. "C’est le king, affirme-t-il. Nous l’appelons "Uncle Tony" et il nous aide beaucoup, tout comme Damon Albarn (Blur, Gorillaz). Lorsque tu joues aux côtés de Tony Allen sur scène, tu le suis. Et ça ne peut qu’être la seule voie à emprunter. Il sait exactement ce qu’il veut, il t’intègre dans sa rythmique et tu comprends pourquoi il se distingue de la sorte. En fait, il est à ce point unique qu’ils ont donné un nom à sa musique: afrobeat!"
Avec un premier album complet à son actif (éponyme, sur Honest Jon’s Records), ce groupe nous offre un exercice instrumental qui intègre autant le jazz standard que le soul ou même le hip-hop. "Pour nous, c’est de la cosmic music. Lorsque tu nous entends jouer, nous n’avons plus de masques. Il n’y a plus de barrières, c’est nous."
À écouter si vous aimez / Femi Kuti, Sex Mob et King Curtis & The Kingpins