L'Orchestre d'hommes-orchestres : La physique waitsienne
Musique

L’Orchestre d’hommes-orchestres : La physique waitsienne

L’Orchestre d’hommes-orchestres vous invite dans un monde où tout se conjugue: celui de Tom Waits, dont il fait la trame sonore.

L’Orchestre d’hommes-orchestres n’est pas un groupe qui rend hommage à Tom Waits. N’y cherchez pas un sosie du chanteur américain. Vous n’y trouverez pas non plus d’interprétations fidèles aux chansons originales. Ce quatuor inventif et iconoclaste "joue" à Tom Waits. "On ne s’impose pas des enjeux de reproduction, indique Simon Elmaleh. C’est plus une traduction sonore."

"Le mot prétexte convient bien pour décrire ce projet, constate Simon Drouin. Tow Waits, c’est un prétexte pour essayer des choses qui nous intéressent. Au théâtre, quand c’est écrit de A à Z, tu es happé par le contenu et ça détermine la forme du spectacle. Là, le contenu y est, mais on fait par exprès pour se concentrer sur d’autres choses."

Amorcée par Bruno Bouchard en 2001, cette lecture bien personnelle de l’oeuvre de Tom Waits est accidentellement entrée dans une mutation. C’est un an plus tard que Jasmin Cloutier (guitariste), Simon Drouin (homme à tout faire) et Simon Elmaleh (bassiste) se joignent à lui. "C’est un spectacle qui s’est renouvelé tout seul, indique Bruno Bouchard. On était prêts à l’arrêter il y a trois ans. Mais les téléphones ont sonné. On nous appelait pour jouer, alors on a continué."

"Il n’y a jamais eu d’objectifs clairs avec ce projet, continue Simon Drouin. Sinon celui de faire des spectacles. Nous ne sommes pas un band de musique qui veut percer. Tom Waits, c’est un projet parallèle. C’est une belle expérience et on s’amuse. Maintenant qu’on voit que ça peut évoluer, on a le goût d’exploiter cette formule pour faire autre chose. Les idées ne manquent pas et on en accumule. Elles ne vont pas toutes s’exprimer à travers ce spectacle. C’est un projet qui nous a ouvert plein de portes vers de nouvelles créations."

WAITS EN VOITURE

Prenons par exemple cette camionnette musicale, confectionnée par les quatre musiciens lors du 400e anniversaire de Québec. "En fait, on voyageait toujours en Westfalia pour aller faire nos spectacles à Montréal. C’est en revenant sur la 20 qu’on s’est dit que ce serait cool de monter un show autour d’un camion."

Une invitation du comité organisateur du 400e a tout enclenché et ils ont vite fait de dégoter une vieille Chevrolet 1963 (un camion de lait) qu’ils ont pu modifier à leur guise afin d’en faire un instrument de musique ambulant. "On voulait modifier la Westfalia, mais Bruno ne voulait pas!" rigole Simon Drouin. "Oh que non! Pas question de percer des trous dans la Westfalia", confirme Bruno Bouchard.

Après avoir travaillé un an sur le vieux motorisé pour le retaper, les hommes-orchestres ont donc pu réaliser une autre idée folle. "Notre démarche, elle est empirique, précise Simon Drouin. C’est pareil pour le show Tom Waits: on a une idée, on la fait et on voit si ça marche. Je ne peux pas compter le nombre de fois où il s’est exprimé une idée à laquelle je ne croyais pas. C’est avec le temps que les concepts se précisent. Ce sera la même chose pour le nouveau spectacle que nous montons autour du compositeur Kurt Weill."

SON ET IMAGE

Polyvalents et bricoleurs, les musiciens recherchent des sonorités particulières et tentent aussi d’imposer une image singulière à leur musique. En ratissant les brocantes et en dénichant des objets insolites, L’Orchestre d’hommes-orchestres a développé une esthétique qui lui est propre et qui nous plonge dans un univers où toutes les interprétations sont permises.

"Au départ, on joue de la musique. Par la suite, c’est par instinct qu’on choisit de frapper sur une casserole, par exemple. Il nous est venu aussi cette idée de la "machine". Celle où chacun d’entre nous se retrouve dépendant de l’autre pour jouer de son instrument. Je me mets un casque avec un bâton fixé dessus sur la tête et c’est l’autre qui doit tenir la "chose" qui sert de caisse de résonance. Si la personne n’est pas au bon endroit au bon moment, tout déraille." "On est tous des opérateurs de la machine", enchaîne Simon Elmaleh.

"Je pense que peu importe où on va jouer, ce sera déstabilisant pour les gens, conclut Bruno Bouchard. On peut faire rire, mais il y a aussi la profondeur des textes de Tom Waits qui fait partie du show. Visuellement, on respecte aussi la richesse d’une image et l’impact qu’elle peut avoir. L’image, elle parle d’elle-même."

À écouter si vous aimez /
La voix de Tom Waits, l’audace de John Zorn, la guitare de Marc Ribot