Navet Confit : Le festin nu
Musique

Navet Confit : Le festin nu

Navet Confit renoue avec le rock et la simplicité sur LP3: Papier vampire.

Pour un gars aussi étroitement surveillé, Jean-Philippe Fréchette, alias Navet Confit, a entamé son association avec l’imposante écurie GSI d’une bien étrange façon, en 2007, avec LP2: une costaude bouchée de deux albums, 24 morceaux tout en rythmes lents, en ambiances psychédéliques et en mélodies patraques.

Son créateur qualifie l’étape "d’importante" puisqu’elle lui a permis de s’étendre et de collaborer avec plus d’une vingtaine de musiciens, mais reconnaît aujourd’hui qu’il s’agissait d’un disque lourd, difficile d’accès. "À ce moment-là, j’étais sûr que je venais de faire quelque chose de pop, trop pop, même… J’ai toujours cette impression-là quand je termine un disque", témoigne Fréchette. Il a bien vu, par après, que l’objet passait difficilement: "On m’a dit que c’était trop à gauche, et les salles de spectacles avaient peur de me booker parce que c’était trop fucké."

DEMI-TOUR

Le Navet revisite aujourd’hui le son plus rock, simple et dépouillé de son premier épisode (LP1, 2006) avec LP3: Papier vampire. Tout comme LP1, il l’a conçu presque seul (sauf pour la présence de son groupe, les Dauphins Vampires, et de Marc Chartrain des Chiens sur quelques morceaux, ainsi que celle de son compère Vincent Blain, alias L’Indice, à la prise de son), quoiqu’avec des moyens semblables à ceux de LP2. Tentative de regagner le terrain perdu? Que nenni. "Je le pensais avant, mais c’est encore plus clair maintenant: il ne faut jamais agir dans un but précis comme celui-là. C’est tout le temps un hasard, à la fin."

Confronté à l’impossibilité de transposer LP2 live, par contre, Fréchette souhaitait assurément une suite qui passe mieux le cap des planches. "Beaucoup de pièces de LP2 étaient basées sur l’expérimentation, des textures… C’était dur à faire passer devant des publics de bars", illustre-t-il. A aussi joué sa somme de travail des dernières années: réalisateur pour Carl-Éric Hudon, accompagnateur pour Géraldine, Alexandre Champigny et Jérémi Mourand, directeur artistique de la branche alternative de GSI, La Confiserie… "Le temps que j’avais pour composer était fragmenté. Ça a changé un peu ma manière d’écrire. Au lieu de déposer chaque nouvelle chanson au fur et à mesure dans une maquette, j’essayais de m’en souvenir en la jouant guitare-voix. Ça donnait complètement un autre univers", raconte-t-il.

Qui plus est, devant le flot constant de décibels de ses diverses gigs, Fréchette s’orientait vers le folk. La conversion au rock qui a suivi a tout eu d’accidentel. "J’écoutais beaucoup de Julie Doiron, du vieux Bob Dylan, de Cat Power ou du Sufjan Stevens… Mais finalement, quand j’ai commencé à monter les nouvelles tounes avec mon band, on s’est aperçu qu’elles passaient mieux en mode rock. Mais cette fois, le squelette, il est beau tout seul, c’est ça, la différence!"

Jean-Philippe n’estime pas pour autant pas avoir renié son côté expérimental. "Il était plus apparent avant parce qu’il était la base de la toune. Maintenant, je l’exprime plus dans mes techniques d’enregistrement. Je l’ai intégré aux morceaux au lieu de faire l’inverse."

À écouter si vous aimez /
Malajube, Sonic Youth, My Bloody Valentine