The Dø : Atomes crochus
Nouvelle sensation française qui repousse les frontières de l’élitisme, The Dø termine sa tournée américaine sur une bonne note en nous rendant visite pour la première fois.
C’est un duo et c’est un couple. Deux complices qui ont été réunis par le travail. Tout a commencé lors d’un contrat pour le cinéma, alors qu’Olivia Bouyssou Merilahti et Dan Levy travaillaient sur la trame sonore du film L’Empire des loups. Une rencontre heureuse pour ces deux passionnés de musique qui a donné naissance à The Dø (lire la note de musique). Leur premier disque, intitulé A Mouthful, a suivi en 2008, conséquence du succès qu’ont récolté quelques extraits publiés à l’improviste sur Internet. On My Shoulders et At Last! ont fait jaser, à tel point que les deux auteurs et compositeurs se sont retrouvés sur scène sans trop savoir comment ils allaient s’y prendre.
"C’est lors de nos premiers concerts à la Flèche d’or à Paris, il y a deux ans environ, qu’on a senti qu’il se passait quelque chose, se rappelle Olivia. Nous y étions en résidence, trois concerts sur trois semaines. C’était magique! Le public augmentait à chaque fois et lors du troisième spectacle, on a fait salle comble. La file d’attente et tout. Pour nous, c’était incroyable! Avant ces concerts, nous avions passé trois ans en studio. Nous n’avions aucune idée de l’impact que notre musique pouvait avoir sur les gens."
L’album, à la production éclectique, affiche le plein potentiel de ce tandem qui intègre des sonorités recherchées tout en signant une pop accessible. La voix de l’interprète d’origine franco-finlandaise rejoint celle de PJ Harvey, alors que les expériences de Dan Levy dans le domaine du jazz lui confèrent une liberté particulière dans les arrangements et la composition. "Pour Dan, c’était nouveau, indique-t-elle. Forcément, il cultivait un certain snobisme par rapport à la musique pop, mais il a vite constaté qu’il pouvait s’accorder autant de liberté. C’est quelqu’un qui a une sensibilité particulière pour le son en lui-même. Pour ma part, j’aime croire que je suis toujours en quête de la bonne chanson."
Elle s’est aussi laissé inspirer par sa langue maternelle, le finnois, et chante sur l’opus Unissasi Laulelet, une chanson traditionnelle qui ajoute une couleur particulière à ce répertoire qui s’amuse à jeter des ponts entre certaines esthétiques. "Mais vois-tu, pour moi, cette chanson, elle pourrait même être africaine, souligne-t-elle. Lorsqu’on compose avec des voix, toutes les musiques dites traditionnelles se ressemblent beaucoup. Cette chanson, c’est un poème sur la nature. Ce sont des histoires que me chantait ma mère quand j’étais toute petite. Je suis quelqu’un qui reste pudique dans l’écriture. Ces histoires, elles me permettent de me réfugier dans l’imaginaire."
Et que dire sur ce choix de chanter en anglais, sinon que plusieurs, en France, ont tenté de les en dissuader. "Le public, lui, il s’en fout. Il aime ou il n’aime pas la musique, c’est tout. Ce sont les maisons de disques qui ont une théorie là-dessus. Elles nous disaient très clairement qu’on ne pourrait pas réussir en France si on ne chantait pas en français. C’est totalement archaïque. Alors nous, on leur répondait: "Au revoir.""
À écouter si vous aimez /
Björk, PJ Harvey, Émilie Simon