Bryan Lee : Le blues avant tout
Bryan Lee nous fait le récit d’une histoire d’amour qui prend fin après plus de 25 ans. Tout ça sur des airs de blues qu’il affectionne, avec sa guitare qui lui est restée fidèle.
Le chanteur de blues de 66 ans est une figure incontournable de La Nouvelle-Orléans. Dans le quartier français de cette ville mythique des États-Unis, Bryan Lee a collaboré à faire de la vocation musicale de Bourbon Street quelque chose d’intemporel. Depuis les années 80, le Braille Blues Dady né dans le Wisconsin vit une histoire d’amour exceptionnelle avec cette ville d’adoption.
"Je suis obligé de te dire que cette histoire d’amour touche à sa fin, affirme-t-il sans détour. Depuis Katrina, ce qui arrive à la musique là-bas est terrible. Il n’y a plus de blues dans cette ville. Il n’y a plus que du hip-hop, des headbangers. Le Coco Club, lui, ne fait plus jouer de groupes blues. Depuis cet ouragan, les anciens propriétaires ont touché leurs assurances et ont quitté la ville. Ces gens-là avaient à coeur l’identité musicale de La Nouvelle-Orléans. Qu’est-ce qu’on offre maintenant aux personnes qui aiment prendre un bon repas et qui veulent entendre de la bonne musique, du jazz ou du blues, dans des lieux décents? C’est terminé! La House of Blues ne fait plus jouer de blues et le Preservation Hall est entouré de discothèques à la mode. C’est une tragédie…"
Toujours à la tête de son groupe, The Blues Power Band, le vétéran du blues compte s’installer en Floride à la fin de la présente tournée, qui souligne aussi la sortie de son dernier album, intitulé My Lady Don’t Love My Lady. Un titre évocateur qui fait le constat de la relation particulière que le vétéran du blues cultive avec sa précieuse guitare.
"J’ai eu des problèmes de santé l’année dernière lors d’une tournée en Europe, précise-t-il. À mon retour de l’hôpital, j’étais avec ma femme à la maison pour ma convalescence. Cela faisait deux semaines que je n’avais pas touché ma guitare. Pendant la nuit, je suis allé dans mon studio pour en jouer et ma femme m’a surpris… Elle m’a dit que j’avais un problème en étant debout, à cette heure, alors que j’étais en convalescence. Elle a rajouté que je m’en foutais et qu’elle n’était pas importante pour moi. Surtout après ce qu’elle venait d’endurer! Je lui ai tout simplement dit que je ne pouvais choisir. C’est comme ça, c’est la seule façon de vivre que je connais."
À écouter si vous aimez /
Buddy Guy, Muddy Waters et Albert King