Jason Lang : Homme autonome

"J’ai une carrière merveilleuse en tant que musicien. J’ai vécu des expériences extraordinaires un peu partout sur la planète." Ça, c’est Jason Lang qui l’affirme, et on le croit aisément. Il est membre d’un groupe très sélect, celui des musiciens québécois que les artistes établis s’arrachent. Son parcours compte plusieurs faits d’armes. "Ma première tournée mondiale, je l’ai faite avec les soeurs McGarrigle. Un peu plus tard, j’ai tourné au Québec avec France D’Amour. Tout de suite après, ce fut une autre tournée mondiale, pendant presque deux ans, avec Amanda Marshall. Ensuite, j’ai participé à l’album d’Isabelle Boulay. On m’a aussi demandé de partir en tournée avec elle. Roch Voisine a vu le show et un mois plus tard, il m’appelait pour faire un album. Avec lui, ça a été six ans de tournée." Luce Dufault, Richard Séguin et Véronic DiCaire sont quelques-uns des noms qui font également surface lors d’une séance de name dropping faite sans prétention par celui qui a trois Félix au-dessus de son foyer. L’humilité de Lang est évidente: il avoue avoir été, au fil de sa carrière, au bon endroit au bon moment. "Il y a beaucoup de chance dans tout ça."

Or, Beautiful Disguise, premier album de Jason Lang sorti à la fin de 2008, n’est pas le fruit du hasard. Pour en arriver à concrétiser ce projet qu’il chérissait depuis fort longtemps, il a fallu trouver du temps… tout en improvisant un peu. "À un certain moment, je me suis dit que c’était là ou jamais, qu’il fallait que je démarre quelque chose pour moi. J’étais à Paris pour un bon trois mois. J’ai donc décidé de faire un studio dans ma chambre d’hôtel et j’ai commencé à enregistrer." Ainsi, le disque est une autoproduction qui comporte des chansons avec une instrumentation assez sommaire. "Difficile de mettre une batterie dans une chambre d’hôtel, mais il y a quelques pièces que j’ai faites dans un vrai studio, à mon retour à Montréal. Et là, il y avait de la batterie (rires)." Reste que le fils de Penny Lang n’a pas à se justifier, car ce qui aurait pu sonner simpliste se révèle plutôt enveloppant, intimiste. Son folk parfois upbeat, parfois sur le ton de la confidence lui a permis de se faire comparer à Kelly Joe Phelps et John Hiatt.

L’approche do it yourself ne s’arrête pas là. "Un matin, j’étais en tournée en France. Je me suis dit que ça serait bien d’avoir un clip. J’ai donc pris ma webcam et je me filmais partout en train de chanter." Même les photos et le graphisme du livret du disque sont signés Lang. "Je me suis posé la question: Est-ce que j’ai vraiment besoin d’une compagnie de disques pour faire ce que je veux faire? La réponse était non. Pour cet album, je voulais vraiment tout faire seul", explique le musicien qui se souhaite tout de même un autre scénario pour le deuxième album. L’autonomie, c’est beau, mais Jason Lang prendrait bien un peu plus de temps bien à lui.

À écouter si vous aimez /
Kelly Joe Phelps, John Hiatt, Jack Johnson