Les Patates : Country à risque
Musique

Les Patates : Country à risque

Le percussionniste Pierre Tanguay s’amène au FIMU avec ses acolytes du quatuor Les Patates, qui fait dans la musique country actuelle. Mon thérémine pour un cheval!

Avec Les Cowboys Fringants, Mara Tremblay et bien d’autres artistes de la scène pop, le genre country a, en quelque sorte, acquis ces dernières années ses lettres de noblesse. Jusqu’à la musique actuelle qui goes west: Michel F. Côté a son projet Flat fourgonnette, Antoine Berthiaume a Rodéoscopique, René Lussier chante du country hawaïen, bref, il y en a assez pour imaginer un Off Festival de Saint-Tite!

Le percussionniste Pierre Tanguay est un pilier de la communauté actualiste québécoise et, côté country, il n’est pas en reste; entre ses activités estivales au camp musical du Saguenay-Lac-Saint-Jean, deux gigs avec Les Dangeureux Zhoms, trois petits tours avec la Fanfare Pourpour et quatre projets ad hoc, le voici qui cultive Les Patates, un drôle d’ensemble qui mêle improvisation et chanson country. Sans doute le percussionniste le plus occupé à l’est du Mississippi ("J’pourrais être deux ou trois, et tout le monde travaillerait!"), Tanguay ne se refuse pas grand-chose, et l’idée d’un groupe avec Frank Martel (thérémine, mandoline, voix), Jean Derome (saxos, objets, voix) et Urbain Desbois (guitare, voix) méritait certainement qu’on lui donne une chance.

"Ça fait un bout de temps que ça existe, explique-t-il, mais ce n’est pas le genre de projet que je pousse, c’est plutôt le genre que l’on me demande, et qui ressort de temps en temps. Un peu comme c’était le cas pour l’Orchestre de danse (ODD) ou Les Patenteux du Québec, dont je me suis aussi occupé."

Tous ces projets et les musiciens qui les font vivre se croisent constamment dans les locaux de répétition qu’ils partagent, et ces quatre lascars ont simplement été séduits, entre deux pratiques, par l’idée d’un groupe dans lequel tous chanteraient: "C’est ça la particularité des Patates, on y chante chacun nos chansons. Ce qui est drôle, c’est que lors de la première répétition, on avait tous une chanson sur les patates… Maintenant, bien sûr, il y a d’autres thèmes, j’en ai une, par exemple, sur la betterave! J’ai vu sur le site d’Urbain une nouvelle chanson sur les patates, mais je ne sais pas si c’est pour nous."

Il est question d’une musique country intuitive, faite de clichés du genre, ou des idées que l’on peut s’en faire, traversée par des soubresauts d’inventivité et des éclairs de génie. "C’est une musique que je ne connais pas tellement, avoue Tanguay, alors pour moi, c’est toujours un peu du pastiche. Si tu me demandes de jouer "à la Zorn" ou "à la Bill Evans", ça, je connais, mais le country, je l’imagine. Il y a des bouts drôles, vraiment, mais c’est aussi assez punché."

L’idée derrière un projet comme celui-là, et derrière beaucoup d’autres projets actualistes, c’est de "manifester une espèce de plaisir, de liberté, d’audace, d’ouverture, et de donner ça au monde". L’improvisation est toujours une voie dangereuse, mais Tanguay et ses amis sont passés maîtres dans le genre, et c’est sans fausse modestie qu’il peut dire: "Notre pourcentage de réussite est quand même assez bon!" Vrai. Les explorations actualistes finissent souvent par faire des petits et leurs idées circulent de plus en plus. Tanguay acquiesce: "On n’est pas très connus, mais on est appréciés… Beaucoup de jeunes réalisateurs de musique pop utilisent des trucs que l’on a plus ou moins inventés, mais je ne me plaindrai jamais de m’être fait voler une idée, il faut que ça circule, et puis… c’est pas ça qui manque!"

Explorer les chemins de la créativité dans le format archi-simple de la chanson country, c’est sans doute le meilleur moyen de se délier l’imagination: "Je sens que la corde qui me retient est très, très longue… Je peux me promener en masse!"