Festival de musique contemporaine de la Biennale de Venise : Résonances montréalaises à Venise
Musique

Festival de musique contemporaine de la Biennale de Venise : Résonances montréalaises à Venise

À sa 53e édition, le Festival de musique contemporaine de la Biennale de Venise continue de donner le ton, et sa programmation ressemble beaucoup à une saison montréalaise.

Si l’on n’est plus à l’âge où les voyages forment la jeunesse, on est toujours en mesure de constater qu’ils aident à mettre les choses en perspective. Une semaine à Venise, dans tous les cas, ça donne du recul, mais quand on y est en plus pour assister au Festival de musique contemporaine de la Biennale, on peut constater que la "scène contemporaine" vibre vraiment à l’unisson à la grandeur de la planète. Bien sûr, on y fait encore des découvertes, mais on en fait aussi, constamment, chez nous, et les nouvelles musiques italiennes ne sont pas forcément très différentes de celles d’ici.

La programmation de la 53e édition de la Biennale de Venise, qui était la 2e dirigée par le compositeur Luca Francesconi (qui est, par ailleurs, beaucoup passé par Montréal ces dernières années), était bâtie autour du 100e anniversaire du Manifeste du futurisme de Marinetti et s’ouvrait par une performance durant laquelle un ensemble de robots percussionnistes s’exécutait sur quelques tambours et gongs dans un exercice malheureusement assez peu convaincant (les drummers n’ont rien à craindre). Le tout était une création du Japonais Suguru Goto, qui aura peut-être l’occasion de nous faire apprécier d’autres aspects de son travail lors de la prochaine édition du festival Elektra (le compositeur nous a confirmé que la chose était en discussion, mais il ne pouvait pas être plus précis).

L’un des compositeurs à l’honneur cette année était le Hongrois György Kurtág, à qui était décerné un Lion d’or pour souligner son apport important au monde de la musique. Le Quatuor Arditti a donné des interprétations très intenses de trois de ses oeuvres. Notons que le Nouvel Ensemble Moderne interprétera ses Játékok lors de son concert du 10 février prochain (Chapelle historique du Bon-Pasteur); il jouera encore deux de ses oeuvres lors de son grand concert annuel, le 21 avril (salle Claude-Champagne). Un autre beau moment du festival a été offert par l’Orchestra di Padova e del Veneto qui, sous la direction de Renato Rivolta, a interprété une magnifique version de The Perfect Stranger de Frank Zappa, une oeuvre que l’on pourra entendre le 21 novembre prochain par l’Orchestre 21 sous la direction de Paolo Bellomia (au Gesù).

Enfin, l’un des grands plaisirs de cette virée à Venise fut d’assister à deux concerts offerts par un duo de Montréalaises: la pianiste Brigitte Poulin et la violoniste Silvia Mandolini. C’est sans aucun chauvinisme que l’on peut affirmer que leur premier concert (elles donnaient deux programmes différents… le même soir!) a été l’un des mieux reçus du festival. Brigitte Poulin, à qui l’on demandait après le concert si l’on pourrait les entendre bientôt à Montréal, expliquait: "Silvia habite maintenant l’Italie, où elle a un poste à l’Orchestra del Teatro Comunale di Bologna, alors elle vient à Montréal lorsque son horaire le lui permet, et nous aurons certainement l’occasion d’y donner un concert en 2010." On y entendra peut-être alors l’oeuvre de Marino Baratello qu’elles nous ont offerte ce soir-là en première mondiale. En attendant, on peut écouter sur le disque Édifices naturels, paru récemment chez Ambiances Magnétiques, l’oeuvre d’Ana Sokolovic Danses et interludes que la pianiste a brillamment interprétée en solo à Venise.

www.labiennale.org