Robert Charlebois : Le vrai Garou
Pour Robert Charlebois, pas besoin de commercialiser un disque de reprises interprétées en duo pour remplir les coffres. Ils sont déjà pleins. Ses nombreuses séries de concerts, on les doit à son seul amour du métier.
"Un artiste n’est jamais à la retraite", dixit la chanteuse Louise Forestier. Son ancien acolyte, Robert Charlebois, en est l’exemple même. Indépendant de fortune, surtout depuis qu’il a vendu ses actions de la microbrasserie Unibroue, le musicien de 65 ans multiplie les nouveaux concerts. Après Tout écartillé (2005) et Avril sur Mars (2008), l’icône de la chanson québécoise présente cet automne Avec tambour ni trompette, dans lequel il se produira entouré d’une quarantaine d’instruments et de trois musiciens.
Enchaîner les séries de spectacles serait-il devenu le meilleur moyen de ne pas enregistrer de nouveau matériel? Après tout, Doux sauvage remonte à 2001. "Pas du tout, assure le compositeur bouclé. Des nouvelles chansons, j’en ai jusqu’au plafond. D’ailleurs, je veux en jouer trois à chaque concert de ma prochaine tournée, et pas toujours les mêmes. Je veux sentir la réaction de la foule avant de décider lesquelles figureront sur mon prochain album. Tant qu’à lancer un dernier disque, je veux le faire pour la postérité, avec la vraie signature Charlebois. Mon titre est déjà trouvé: Mon tout dernier. Si j’en ferai un autre après? Non, je ne pense pas. Au pire, je l’appellerai Mon plus récent", dit-il en riant.
Chose certaine, Garou (comme le surnommait Mouffe à l’époque) n’entend pas imiter ses collègues Dubois, Ferland, Marjo ou Bigras en commercialisant un disque de reprises interprétées en duo. "Ce genre d’album me sort par les trous de nez tellement il y en a. Je refuse chaque fois qu’on me propose d’en produire un ou de participer à celui des autres. Si j’en fais un, ce sera avec 12 grosses chanteuses comme Suzanne Boyle. Il y aura peut-être un duo sur mon prochain disque, mais un simple album de reprises en duo? Jamais. J’aime trop surprendre le monde pour ça. Je veux me mettre en danger. C’est pour ça que le nouveau show s’appelle Avec tambour ni trompette. Faire des concerts au piano serait trop facile. J’ai envie d’un show ludique incluant mes 10 chansons incontournables ainsi que des pièces récentes ou oubliées. Ce sera à mi-chemin entre Led Zeppelin et Tiny Tim (énigmatique joueur de ukulélé et chanteur à la voix de falsetto à voir sur YouTube)."
Son billet pour la postérité, Charlebois en est conscient, il le doit à cette même recherche d’originalité qui lui a permis de révolutionner la chanson québécoise à la fin de la décennie 60. "Je pense que chacun a une idée révolutionnaire dans sa vie. C’est vrai pour les auteurs, les cinéastes, les musiciens ou les peintres. On a tous une grande vérité à extérioriser. Une fois qu’elle est sortie, on ne fait que se répéter. Si demain je compose une chanson sur les travailleurs, ben pour que je puisse la garder, elle doit être meilleure que Ça arrive à manufacture (Mon pays, c’est pas un pays, c’est un job). Sinon, elle ne vaut pas la peine. Chaque fois que j’écris une nouvelle chanson, je me pose la question. C’est pour ça que je ne sors pas énormément d’albums aujourd’hui. Tant qu’à me répéter, j’aime mieux le faire moins souvent et avec plus de profondeur." Amen.
À voir si vous aimez /
Lindberg, Les Ailes d’un ange, Tout écartillé