The Hidden Cameras : Enfants de choeur
Musique

The Hidden Cameras : Enfants de choeur

L’éclectique troupe canadienne The Hidden Cameras lançait en septembre son cinquième opus, Origin: Orphan. Si son chef Joel Gibb semble s’être assagi, ne mentionnez surtout pas le mot maturité.

"Who in the world would be here if he wasn’t a whore?" Voilà une question soulevée dans la chanson Origin: Orphan qui mérite réflexion. Il ne faut toutefois pas compter sur Joel Gibb, cerveau créateur du collectif torontois The Hidden Cameras, pour donner l’esquisse d’une réponse à cette question. Il laisse plutôt le soin à l’auditeur de tirer ses propres conclusions. Sur son cinquième album, Origin: Orphan, Gibb propose, à l’image de cette interrogation, quelques autres phrases-chocs bien tournées qui devraient faire frémir les puritains. Néanmoins, celui qui portera une attention particulière à l’album sera frappé par l’aspect plus léger, le caractère généralement plus subtil qu’il revêt, comparativement aux déjantées et sexuellement explicites Awoo (2006) et Mississauga Goddam (2004). Si on s’éloigne peu du "gay folk church music", décrit il y a quelques années par Gibb, peut-on parler de modération, de sagesse? "Je ne vois pas d’intérêt à comparer Origin: Orphan aux autres, répond Gibb. C’est un album beaucoup trop varié pour qu’on puisse le catégoriser, lui apposer une étiquette ou le qualifier de subtil ou de mature. Ce qui m’énerve le plus, c’est lorsque les gens mentionnent qu’auparavant, mes textes jouaient beaucoup plus avec le sexe. Il y a toujours des références sexuelles sur ces nouvelles pièces, tout comme je parle d’une foule d’autres sujets. J’utilise le sexe comme objet de métaphores et les critiques en font leurs choux gras. C’est irritant, à la fin!"

Sur Origin: Orphan, The Hidden Cameras dosent habilement leurs dispositions orchestrales pour incorporer quelques éléments synth-pop. Selon Gibb, ce léger changement de cap musical n’est que le fruit du hasard. "Au cours de l’écriture de l’album, je me suis procuré un clavier pour 10 $, raconte-t-il. Je finis toujours par écrire une chanson qui est connectée de façon particulière à un instrument, donc il est normal qu’on en entende à quelques endroits. Cela dit, le fait d’incorporer des sonorités électroniques ne veut pas nécessairement dire que j’avais l’intention de faire de la musique des années 80."

The Hidden Cameras n’ont en fait jamais eu l’intention d’être populaires, ce qui justifie la démarche artistique de Gibb. "J’essaie d’être différent et la culture populaire prohibe la singularité, déplore le chanteur et multi-instrumentiste. Si une station de radio décidait de jouer une de nos chansons, j’en serais très heureux. Ça voudrait dire que je fais partie de la masse pour ce que je suis et non pas pour ce que j’essaie d’être."

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