Vic Chesnutt : Victoire
Vic Chesnutt poursuit son aventure avec le label montréalais Constellation avec l’album At the Cut. Une combinaison gagnante.
En 2007, l’étiquette locale Constellation, qui jouit d’une réputation sans faille à travers le monde grâce à son association avec Godspeed You! Black Emperor, Thee Silver Mt. Zion Orchestra et bien d’autres, était fière d’ajouter à son registre l’illustre troubadour de l’ombre Vic Chesnutt. L’album North Star Deserter amenait ainsi le mythique chanteur à collaborer avec quelques-uns des musiciens qui circulent dans le giron de Constellation (Thierry Amar, Efrim Menuck, Jessica Moss, David Payant, tous de Thee Silver Mt. Zion) ainsi qu’avec le réalisateur montréalais Howard Bilerman (Arcade Fire, The Dears, Godspeed, Silver Mt. Zion…), le guitariste de Fugazi Guy Picciotto et quelques autres invités. Une association impressionnante sur papier et qui s’est révélée l’être tout autant sur disque et sur scène.
Il n’est donc pas étonnant que Vic Chesnutt, qui est connu pour avoir multiplié les collaborations depuis son premier album solo en 1990, ait voulu poursuivre l’expérience avec la même bande. "C’est une combinaison gagnante, et surtout, nous avons appris à nous connaître, à développer un véritable esprit de groupe à force de jouer ensemble après la sortie de North Star Deserter, précise le prolifique musicien. Cette rencontre a été déterminante pour moi car je vivais des moments difficiles, j’étais très déprimé avant de collaborer avec tous ces musiciens. Ça m’a donné un second souffle, beaucoup d’espoir", avoue Vic Chesnutt qui, depuis plusieurs années, doit se déplacer en fauteuil roulant à la suite d’un accident de la route survenu alors qu’il avait 19 ans.
Toute l’oeuvre de ce désormais mythique musicien folk-rock est marquée par ce terrible accident. Gris, noir, bleu foncé… la palette de couleurs de Vic Chesnutt ne déborde guère de ce registre, à l’exception de quelques rares rayons de soleil qui percent de temps en temps au détour d’une chanson. At the Cut, quatorzième effort du chanteur originaire d’Athens en Géorgie, ne diffère guère des précédents en ce qui concerne l’humeur générale, mais révèle un côté beaucoup plus intime de cet artiste à l’aube de la mi-quarantaine, le tout appuyé par une formation solide et polyvalente, capable de puissantes envolées et de subtiles accalmies.
La souffrance, la mort, le désespoir, les souvenirs douloureux, la peur… le troublé Vic Chesnutt dévoile toute sa vulnérabilité avec pudeur et grâce, aussi tragique que touchant. "C’est sans doute le disque le plus personnel que j’aie fait, avoue-t-il au bout du fil. Ça n’a pas été facile pour moi de coucher tous ces sentiments sur papier, et encore moins de les interpréter en studio. Mais les musiciens, surtout Guy Picciotto, m’ont beaucoup appuyé dans cette démarche et ils ont su enrober mes chansons mieux que je ne l’aurais fait. Je leur ai fait confiance et leur ai laissé toute la liberté qu’ils désiraient. Au final, je dirais que ce disque a été pour moi très thérapeutique!"
L’heure est venue de retrouver tout ce beau monde sur scène.
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Bob Dylan, Leonard Cohen, Eels