Karina Gauvin : Retour au bercail
La soprano Karina Gauvin passe un rare mois chez elle, et l’Opéra de Montréal en profite pour lui faire chanter Mozart, dans La Flûte enchantée.
L’opéra de Mozart Die Zauberflôte (La Flûte enchantée) est dans le peloton de tête des opéras les plus populaires, et le palmarès de l’Opéra de Montréal (OdM) le confirme en le plaçant en sixième place, derrière Madame Butterfly, Tosca et La Traviata (six fois), Le Barbier et La Bohème (cinq fois). On a déjà pu le voir à la compagnie en novembre 1986, mars 1996 et mars 2003.
En ce qui concerne la soprano Karina Gauvin, c’est en mars 2005 qu’on la voyait pour la première fois à l’OdM, dans Agrippina, de Haendel, et elle était de retour l’année dernière, presque jour pour jour, dans Les Pêcheurs de perles, de Bizet. Rencontrée avant une répétition du Mozart, elle commente: "C’était une première incursion dans l’opéra du 19e siècle, une grosse affaire pour moi, et j’ai beaucoup aimé mon expérience. C’est tellement agréable d’être chez soi pour travailler! J’ai eu une année très mouvementée, durant laquelle j’ai voyagé beaucoup."
À cette époque-ci l’année dernière, elle venait d’enregistrer, en Allemagne, Ezio, de Haendel, après Alcina et Tolomeo, les trois avec Alan Curtis et son ensemble Il Complesso Barocco, et tous parus depuis chez Deutsche Grammophon. Elle était encore en Allemagne au début de ce mois-ci, cette fois dans Rinaldo, de Haendel, encore. "C’est toujours l’année Haendel, jusqu’à la fin de décembre! Je vais d’ailleurs passer la fin de l’année devant des micros avec Il Complesso pour enregistrer Ariodante, et j’ai encore deux projets avec Curtis l’année prochaine."
Mais pour l’heure, parlons de Mozart… "Ah! Ça, c’est une autre paire de manches! lance la soprano. Pamina, c’est un rôle d’une grande pureté, tant en ce qui concerne le personnage que la musique. Mozart, c’est comme un corset: avec lui, les marges ne sont pas larges, on ne peut pas déborder. C’est un défi, parce qu’on est à la scène, alors on bouge beaucoup, puis, il faut soudain chanter une ligne très pure."
Autre difficulté, il y a de nombreux dialogues dans La Flûte, et qui sont évidemment en allemand. "Mais il y a eu beaucoup de coupures de ce côté-là, explique Gauvin, pour ne garder que l’essentiel." La soprano a déjà chanté Pamina à Québec et, en janvier dernier, à Toronto, mais c’était avec un narrateur, alors que cette fois-ci, il n’y en aura pas. "C’est quelque chose à travailler, et pour moi, c’est assez nouveau. Mais dans cette distribution presque entièrement canadienne, il y a notre Zarastro (la basse Reinhard Hagen) qui est Allemand, alors je suppose que si on fait de grosses fautes, il pourra nous aider!"
Autour de Karina Gauvin, on verra aussi, dans une mise en scène de Kelly Robinson, le ténor John Tessier (Tamino), le baryton Aaron St.Clair Nicholson (Papageno) et la soprano Aline Kutan (en Reine de la nuit). L’Orchestre Métropolitain sera sous la direction d’Alain Trudel, que la chanteuse a côtoyé au Conservatoire il y a déjà quelque temps, mais qui la dirige pour la première fois.