Stile Antico : Dis-moi ton style
Stile Antico affiche ses couleurs et se range aux côtés des grands. Place à un ensemble qui fait fi des conventions.
Tout commence avec une rencontre qui prend racine alors qu’ils sont étudiants à l’Université d’Oxford. Douze étudiants en musique qui décident de révolutionner la musique chorale et le répertoire de la musique ancienne avec une approche singulière: pas de chef d’ensemble. Seulement 12 partenaires, tous passionnés par la musique vocale de la Renaissance. Cinq ans plus tard, Stile Antico a chanté au Concertgebouw à Amsterdam et son troisième disque, Song of Songs, a remporté le prestigieux Gramophone Award en 2009.
"On a tous chanté dans d’autres ensembles chorals auparavant", nous explique Matthew O’Donovan, baryton au sein de l’ensemble. "C’était clair pour chacun d’entre nous: si l’occasion se présentait, nous travaillerions dans un cadre de création très ouvert d’esprit. Je crois que c’est ce qui a défini notre rencontre et ce caractère individuel qui s’est imposé par la suite."
L’exercice est demeuré collégial et démocratique, chacun se définissant dans un rôle unique qui contribue à cette "expérience" musicale et intellectuelle. Cette philosophie a porté fruit et range maintenant Stile Antico aux côtés de Tallis Scholars, l’un des ensembles vocaux anglais les plus reconnus à travers le monde.
"C’est impossible de ne pas être comparés à Tallis Scholars, constate-t-il. Mais la structure avec laquelle cet ensemble compose est aujourd’hui très difficile à respecter. Chacun d’entre nous est un membre actif et la gestion est beaucoup plus simple. Avec un ensemble institutionnalisé, les contraintes s’additionnent. Par exemple, vous devez avoir quelques réservistes pour honorer les contrats. Les répétitions sont alors cruciales et la réalité économique vous rattrape. Pour nous, Stile Antico est une expérience artistique complémentaire à notre métier d’enseignant."
Pour sa première visite à Québec, l’ensemble polyphonique nous présentera Heavenly Harmonies, un programme consacré à la Renaissance et aux compositeurs anglais Thomas Tallis et William Byrd qu’il a immortalisé sur disque en 2008. Un répertoire propice aux débats musicologiques, alors qu’on associe le Psautier de l’archevêque Parker, dont Tallis a composé la musique, à la confession protestante et Byrd, lui, à la liturgie catholique.
"C’est une question intéressante, car nous ne savons pas tout à fait quelle était la confession de Thomas Tallis. Il a écrit dans plusieurs styles et, à son époque, les courants réactionnaires n’étaient pas encore amorcés. Ce que William Byrd, dans la seconde moitié du 16e siècle, lui, a vécu. Sans être austère, ces neuf psaumes de Tallis sont beaucoup plus simples à interpréter que les Motets de Byrd. Tallis a composé une musique propre à un codex très précis. L’oeuvre ne joue pas avec deux niveaux de lecture distincts, c’était une commande rigoureuse. Néanmoins, on y trouve certaines libertés."
A écouter si vous aimez /
Tallis Scholars, Collegium Vocale Gent, le Choeur de chambre de Namur