Amazigh Kateb : Le retour du guerrier berbère
Musique

Amazigh Kateb : Le retour du guerrier berbère

Amazigh Kateb nous revient, toujours en feu, et il endosse plus que jamais son personnage. Cheveux coupés ou cheveux bouclés, il reste le même entre les deux et se dit, souriant, "sur la voix de la frisée".

Amazigh Kateb a déjà visité Montréal en 2005 avec l’explosif Gnawa Diffusion mais son fameux collectif berbère est aujourd’hui officiellement dissous. Le bouillant leader débarque au FMA avec Marché noir, un tout nouvel album individuel. "On a préféré, d’un commun accord, arrêter avant que cela se gâte. Un collectif, au bout de 15 ans, c’est aussi compliqué qu’une histoire de famille. On a ainsi sauvegardé l’esprit de l’entité, ce qui peut donner lieu à des réunions futures après certains projets en solo."

La preuve: ses frères d’armes se retrouvent sur son album solo et deux d’entre eux l’accompagnent même sur scène dans cette nouvelle tournée. Il s’agit des piliers Abdennour et Chaoui, auxquels se greffent deux nouveaux éléments dont un MC, DJ Boulaone. Avec Kated au gumbri, on est impatient de constater les changements de coloration, même si le créateur nous rassure sur la continuité: "On reste dans les mêmes univers, les mêmes influences, très Maghreb, très Afrique du Nord, avec des petites pointes de blues, de reggae, de ragga même. Mais à cinq sur scène, on est aussi beaucoup plus libres qu’à dix."

Kateb a ressenti au bon moment ce besoin d’arrêter la machine, de recentrer son énergie, de trouver lui-même un nouveau souffle pour explorer des choses nouvelles. En son nom propre, non pas comme le porte-parole d’un groupe engagé, il peut désormais endosser sa propre histoire et inclure dans son répertoire Bonjour et Africains. Deux textes de son propre père, l’immense écrivain Kateb Yacine.

"Depuis ma plus jeune enfance, j’ai vu mon père travailler dans la production culturelle et l’engagement. Mais l’industrie dans laquelle j’évolue est une plus grosse machine avec plus d’intervenants et de restrictions."

Le chanteur de 37 ans peut se faire également accommodant. Ainsi, en première partie de son show, il laisse la scène à la grande chanteuse algérienne Nassima Chabane, dans un registre beaucoup plus classique, plus lyrique, plus andalou. Mais il l’invite après pour un "vieux" morceau qui parle d’exil; un sujet qu’il connaît bien. "L’exil réveille la notion d’identité, c’est bien connu. C’est la loi des contrastes. Mais l’algérianité que je défends a du mal à exister, même en Algérie."

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