Anastasia Friedman : Boucler la boucle
Anastasia Friedman a déjà connu le succès, mais revient sous des dehors plus naturels avec le folk de Full Circle, qu’elle présentera en plateau double avec Clément Jacques à l’Anglicane.
Ce serait trop facile – et passablement réducteur – de parler d’Anastasia Friedman en la présentant comme l’ancienne chanteuse de Sky, le groupe dance d’Antoine Sicotte qui fit un malheur au tournant des années 2000. Mais avec la parution, en janvier dernier, de Full Circle, son premier album solo, la jeune femme s’inscrit dans une mouvance folk beaucoup plus intemporelle qu’une musique pop en accord avec le goût du jour. On y croise les ambiances feutrées rencontrées normalement chez Neil Young (tendance Harvest), et même certaines sonorités qui ne sont pas sans rappeler les envolées éthérées de Mazzy Star…
Père new-yorkais, mère chilienne, des séjours plus ou moins prolongés un peu partout sur le continent américain, une entrée fracassante dans la pop, un groupe de reprises axé sur les duos… Si Anastasia Friedman a un parcours pour le moins original, ce Full Circle semble être un retour aux sources. Ou plutôt un véritable premier départ en accord avec les racines musicales de la jeune femme. "Le folk, ce n’est pas un style que je me suis imposé ou qui est forcé, raconte-t-elle. Je joue de la guitare depuis que j’ai 15 ans et quand j’écris des chansons, ça s’inscrit automatiquement dans ce genre de musique. Déjà avant Sky, mes amis me disaient souvent que je devais faire un album acoustique, que ça m’allait bien!"
Si l’auteure-compositrice et interprète mijotait ses propres chansons depuis des années déjà, l’élément déclencheur est survenu en 2006 lorsqu’elle a rencontré Carl Bastien, musicien, réalisateur et surtout sorcier de studio qui a fait des merveilles sur le plan sonore chez Dumas, Daniel Bélanger et Ariane Moffatt, entre autres. Les deux futurs compères se découvrent assez rapidement des goûts musicaux comparables, ce qui les pousse à démarrer une collaboration. "Quand j’ai rencontré Carl, j’avais déjà une vingtaine de chansons d’ambiances différentes. Mais pour ce premier album, j’ai choisi les chansons qui se rapprochaient le plus de la tristesse; je ne le voulais pas trop ensoleillé. Je cherchais quelque chose de nostalgique, de mélancolique… Nous avons donc travaillé autour de certaines chansons comme Butterflies [le premier extrait], Hold Me et Almost Home pour créer une homogénéité. Comme nous avons les mêmes références musicales, nous parlions le même langage, qui est plus porté sur les sensations que sur la technique. Je voulais vraiment un album folk-rock intemporel et épuré comme ceux que j’aime, que ce soit Neil Young ou Jeff Buckley."
Anastasia Friedman a de toute évidence atteint son but: l’ensemble demeure toujours sobre grâce au travail impeccable de Carl Bastien, qui sait installer une belle richesse sonore sans lourdeur ni insistance. Le passage à la scène devrait se faire tout naturellement puisque non seulement Bastien y signe la mise en scène, mais Anastasia Friedman a réussi à l’entraîner avec elle sous les projecteurs en tant que musicien pour ce spectacle à Lévis.
À écouter si vous aimez /
Neil Young, Cowboy Junkies, Mazzy Star