Jérémie Kisling : Attention, fragile
Musique

Jérémie Kisling : Attention, fragile

Jérémie Kisling débarque de Suisse, le temps d’un spectacle solo, pour faire resplendir ses chansons douces, un rien naïves, qui font notre bonheur depuis trois albums.

C’est Bernard Lavilliers qui le chantait dans une chanson il y a longtemps: "Attention, fragile". Ça colle parfaitement au sieur Kisling, un chant délicat, plein de fragilité. Mais en même temps, quelle force! Le Suisse est un des meilleurs espoirs de la chanson francophone. Avec son deuxième album, Le Ours, il avait séduit pas mal de Québécois et le public des FrancoFolies de Montréal. On ne peut s’empêcher de penser à Souchon en écoutant Kisling, les scories en moins. Car chez Jérémie, pas de morceaux inutilement longs, il fabrique du condensé savoureux.

Après deux albums magnifiques, nous voici devant Antimatière, sorti en Suisse au printemps, chez nous en ce moment et en France peut-être en janvier. Les années ont été longues, il a fallu patienter: "Je n’ai jamais vendu beaucoup de disques, et pourtant mon manager continue à me faire confiance. Après Le Ours, j’ai eu un coup de déprime. Je n’avais plus envie d’écrire. Les gens continuent à écouter de la musique mais ne veulent plus payer… Puis, petit à petit, l’envie est revenue. Mais en même temps, je ne sais pas faire grand-chose d’autre", affirme-t-il, mi-blagueur, mi-désabusé, au bout du fil.

Timide, le Kisling. Et peu sûr de lui. Ça le pousse même, sur Antimatière, à chanter un poème d’Aragon, mais à le mettre en morceau caché: "Pour moi, c’était important de faire un disque avec 12 titres, comme les 33 tours à l’époque. Court. Alors la chanson d’Aragon, je la mets comme un cadeau, un clin d’oeil pour dire au revoir. Une façon de remercier les gens qui écoutent le disque." Il y a sur ce nouvel opus une poignée de bonnes chansons à se mettre dans l’oreille et qui feront à coup sûr la joie des auditeurs, un plaisir contemplatif, un sourire mélancolique.

Pour son spectacle solo à Montréal, Kisling ne sait pas exactement encore ce qu’il va jouer. "Je bosse beaucoup de chansons, mais je laisse de la place pour l’envie sur le moment, ce que je sens des gens." Et un ours suisse, ça a le nez fin.

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Alain Souchon, Michel Rivard, Jérôme Minière