Bori : Jongler avec les maux
Alors qu’il a dévoilé son visage sans tambour ni trompette, voilà que Bori vient offrir au public ses nouvelles chansons au Coup de coeur francophone.
Le huitième album de Bori, intitulé Fous les canards, peut être considéré comme une espèce de suite à son précédent opus, Dans ce monde poutt poutt. Bori nous en dit plus long au sujet de son dernier disque: "Un critique l’a qualifié de capharnaüm, et il a raison, en quelque sorte. J’ai voulu me lancer dans une rétrospective de la chanson au Québec en explorant plusieurs approches, tant sur le plan du texte que de la musique. On pourrait désigner Fous les canards comme un recueil de chansons qui traite du délire dans lequel nous sommes rendus."
L’accueil réservé à Fous les canards n’a peut-être pas créé l’unanimité, mais Bori est capable de relativiser: "Je crois que ce qui fait la beauté de la musique, c’est quand il y a place à la diversité d’opinions. Que les gens aiment ou non ce qui se fait, l’important est qu’ils aient accès à une multitude d’artistes qui ont des oeuvres différentes à offrir. Il faut toujours tenir compte de la diversité d’opinions des individus. On ne peut pas demander à tout le monde d’aimer Céline… Et tout au long de la carrière de Léo Ferré, il y a bien des gens qui se demandaient pour qui il pouvait bien se prendre."
Jusqu’à tout récemment, le public a longtemps ignoré quel visage se cachait derrière le personnage de Bori. Plusieurs théories quant à son identité ont circulé durant toutes ces années d’anonymat, et c’est sans même en faire un événement promotionnel que le chanteur a enfin dévoilé son visage au grand jour. "C’est plutôt fantastique, car toutes ces années, plusieurs personnes de l’industrie du disque et certains journalistes connaissaient mon identité. Je leur ai toujours demandé gentiment de préserver le secret et on ne m’a jamais trahi. C’est pourquoi j’ai décidé de sortir de l’ombre sans en faire un outil promotionnel."
Bien qu’il ne jouisse plus de l’anonymat, il reste que Bori peut maintenant avoir un contact plus direct avec le public, et ce, à son grand bonheur. "Avant, quand un spectacle se terminait, je devais immédiatement retourner à l’anonymat. Désormais, je peux aller à la rencontre du public et discuter avec lui. C’est très agréable, car je peux échanger avec les gens à propos de leurs perceptions de certaines chansons. C’est très nourrissant pour un artiste."
D’ailleurs, on comprend assez rapidement que Bori se soucie réellement des gens qui assistent à ses concerts. "Pour cette série de spectacles, j’ai décidé de m’entourer de deux excellents musiciens, Jean-François Groulx et Christian Frappier. Une petite équipe comme ça nous permet de présenter aux gens un spectacle intime où ma bulle, c’est la salle au complet. Nous interprétons les chansons que les gens aiment en plus de certains extraits de Fous les canards. Il arrive même que des spectateurs nous écrivent pour nous faire des demandes spéciales pour un spectacle auquel ils prévoient assister, et généralement, nous prenons le temps de les répéter afin de pouvoir les offrir." On pourra dire que Bori a inventé le concept des demandes spéciales cybernétiques.
Enfin, les fans seront heureux d’apprendre que Bori est bien loin d’en être à son dernier album, mais ils devront faire preuve de patience. L’homme autrefois dans l’ombre nous brosse un petit tableau de sa réalité: "Comme je produis plusieurs artistes que je juge très intéressants, et ce, en plus d’écrire et de jouer, j’ai souvent l’impression de jongler à cinq boules. Ça peut être très beau à voir, mais ce n’est pas ce qu’il y a de plus évident!"
À voir si vous aimez /
Guy-Philippe Wells, Léo Ferré et Jacques Brel