Les Mots de la bouche : Des bouches à oreilles
Musique

Les Mots de la bouche : Des bouches à oreilles

Avec Les Mots de la bouche, Louise Poirier décloisonne le slam de sa structure habituelle en mariant poésie, musique et vidéo sur une même scène.

Louise Poirier n’a pas fixé le plancher lorsque la directrice artistique de la salle Jean-Despréz, Chantal Lamoureux, lui a offert de monter un spectacle de slam. Elle a plutôt fixé l’horizon en songeant à qui réunir pour l’occasion. Riche d’une expérience concluante avec le spectacle Vous m’en direz tant présenté dans le cadre des Journées de la culture, la musicienne et slameuse étoile a repris le concept du show de slam déshabillé de ses conventions de joute compétitive. Elle a aussi rappelé trois artistes qui en faisaient partie. Il y a d’abord Marjolaine Beauchamp, championne québécoise de slam, qui vient de se voir décerner le Prix de la relève aux Culturiades 2009. Elle a également rappelé Carl Bessette, l’entraîneur de l’équipe de slam de Montréal. Aux deux premiers s’ajoute Jean-Sébastien Larouche, "grand alter ego" de Bessette. Enfin, Sophie Jenkens de Sherbrooke complète le quatuor de slameurs.

Elle-même multi-instrumentiste qui s’exécutera sur scène, Louise Poirier a aussi fait appel à Pierre Luc Clément pour l’habillage sonore ainsi qu’au vidéaste Monsieur Larose. "Le spectacle se veut une conception théâtrale du slam avec une mise en scène, un fil conducteur et des interventions diverses. Or, ce sera dénudé, sans élément de décor, un peu comme un spectacle en noir et blanc, mais avec des nuances."

Avec pour thème le titre du spectacle, Les Mots de la bouche, la représentation se concentrera autour de quatre pôles d’émotions que l’équipe est à bâtir. "Les artistes iront d’une émotion à une autre en se volant parfois les mots de la bouche. Chose rare dans le slam: ils vont partager leurs textes et donc dire des slams qu’ils n’ont pas écrits."

Si Louise Poirier ne peut définir clairement les spécificités des slameurs gatinois, sherbrookois ou montréalais, elle se réjouit qu’il y ait une rencontre entre des milieux différents. "J’aime que Marjolaine vienne de la campagne, que Jean-Sébastien soit un urbain qui visse des boulons au port de Montréal. C’est le propre du slam: son fondateur était un ouvrier de la construction de Chicago qui souhaitait que la poésie soit démocratisée. J’aime cet aspect-là. Ça nous sort de l’image poétique du poète… Ça lui donne un coup de pied. Les poètes, ça peut être des écorchés vifs comme Marjolaine, ou des travailleurs de 9h à 5h."

Du reste, Louise Poirier rappelle que le slam, vieux d’une vingtaine d’années, vient d’arriver en Outaouais, d’où la tendance à vouloir suivre ses conventions à la lettre. "Or, il y a un mouvement fort de la part des poètes de faire des spectacles autrement, en mariant le slam au rap, au beatbox, etc. Je pense que les artistes de slam sont en voie d’être considérés comme des artistes à part entière. Ils sont en train de se faire une place de plus en plus prisée. Pensons au cas de Marjolaine: elle sort de nowhere, elle arrive et tout le monde la veut. Elle ne s’invente pas un personnage, elle est elle-même et sa poésie est vraiment à l’image de qui elle est. C’est d’ailleurs sa grande force. Elle n’a pas de territoire. Tout le monde est touché par sa manière de dire les choses. Sa poésie est universelle, mais son langage est bel et bien d’ici", conclut la grande manitou du slam.

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