Luc De Larochellière : Beauté retrouvée
Musique

Luc De Larochellière : Beauté retrouvée

Luc De Larochellière revient en force avec Un toi dans ma tête, du folk acoustique, aux préoccupations intimes et universelles.

Certains disques soufflent si fort que c’est le corps tout entier de l’auditeur qui frémit, secoué de spasmes. Rappelez-vous Écoute pas ça de Jean-Pierre Ferland. Le nouveau Luc De Larochellière est de ce bois-là, d’une beauté simple, prenante, inquiétante. Comment parvenir à cette maîtrise?

Dès la première chanson, Beauté perdue, la guitare fait son chemin, la voix demeure à fleur de peau, l’émotion est palpable. "J’avais mes chansons, je me demandais quoi faire avec ça. Alors j’ai donné un spectacle, j’en ai chanté une vingtaine. J’ai demandé aux spectateurs de remplir des fiches, de dire leurs préférences. Les textes plus personnels semblaient le plus toucher les gens. Et les textes plus denses avaient plus de résonnance, aussi, parmi des trucs plus légers."

Il faut dire que si l’opus Un toi dans ma tête est si bon, c’est qu’il a eu le temps de décanter. Cinq ans le séparent du précédent, Quelque chose d’animal. Des deux douzaines de chansons, il n’en a finalement gardé que dix. "En 2006, ça faisait 20 ans que je faisais ce métier. Je voulais marquer le coup, mais je n’étais pas prêt pour un nouvel album de chansons originales, de là est venue l’idée d’en faire un de duos. Sans trop y penser, ça m’a servi de laboratoire, de revisiter ces morceaux. Musicalement, ça m’a réorienté vers où je désirais aller. Un an après la sortie des duos, je me suis remis à écrire et c’est sorti très vite."

Quand est arrivé le temps d’enregistrer, De Larochellière a réembauché son fidèle complice Marc Pérusse pour la réalisation: "Je l’ai choisi parce que je savais qu’avec lui, il n’y aurait pas de complaisance. Nous avions discuté de la direction à prendre. Il y avait des points très précis sur lesquels nous souhaitions travailler, pour la voix, l’ambiance sonore, la livraison émotive. Comme on est de vieux amis, on n’a pas de difficulté à se confronter. Je savais que Marc n’en laisserait pas passer."

La direction musicale étonne par sa sobriété, le ton est davantage à la ballade, moins à la pop contestataire de ses débuts: "J’ai 43 ans. Le monde du rock et du pop a plein de nouveaux jeunes joueurs. Cette partie du monde musical québécois est bien servie. Ça m’a ramené à une part qui était toujours présente sur chaque album, il y avait toujours deux ou trois chansons plus folks. Je voulais me provoquer, faire autre chose. Pour la première fois, j’ai écrit tous les textes avant les musiques. J’étais installé dans un resto, sans autres distractions que les feuilles devant moi." Et le résultat est là: des chansons pour fins gourmets.

À écouter si vous aimez /
Jean-Pierre Ferland, Catherine Durand, Michel Rivard